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mercredi 23 novembre 2016

"Grâce à vous, nous reprenons, ce 26 mai 2015, un récit interrompu depuis 70 ans."




Une vidéo : "Retrouvés", le beau petit film vidéo réalisé sur la rencontre du mardi 26 mai 2015, par Lou Veho.


Cette vidéo (durée 13mn45) s'ajoute donc aux reportages de presse télévisée que nous avons pu voir sur France 3 Pays de la Loire et sur Télé-Nantes. Elle est visible ici sur son blog :


http://louvehovideo.blogspot.fr/2016/04/retrouves-document-court-de-lou-veho.html


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Remerciements :

D'abord l'école Alphonse-Braud, Sandrine Perreaudeau et vous les enfants

Mme Aurélie DE DECKER Conservatrice du patrimoine au Musée de NANTES au Château des Ducs de Bretagne

Le service du Protocole de la mairie qui vous offre ces ouvrages

Les journalistes présents et puis ceux qui ont permis de retrouver nos anciens Mme Tigoé de Ouest-France, M. Pajot de Presse-Océan,

nous remercions les élèves de Michelet en CAP électricité, et notamment :
Elhadj, Thomas, Djohan, Quentin, Mahmudul,

D'abord nos invités

Quatre d'entre vous, écrit dans cette fameuse brochure parue à la fin de la guerre
Vos textes libres ont été imprimés et publiés par la grâce d'instituteurs valeureux
Alfred Gernoux, MM. Marcel Gouzil (Château d'Aux), Maurice Pigeon (Turmelière).

Aujourd'hui. Evénement de mémoire
Nous des enfants et des jeunes de 2015 rencontres des enfants de 1945

En effet, il n'y a presque plus d'adultes témoins de la guerre : les plus jeunes des résistants, ceux qui avaient 15 ans en 194O et 20 ans en 1945, ont aujourd'hui plus de 90 ans, c'est donc aux enfants de la guerre, à ceux qui étaient encore enfants en 1945, que nous nous adressons, car ils sont la seule génération porteuse de la mémoire vive


Grâce à vous, nous reprenons, ce 26 mai 2015, un récit interrompu depuis 70 ans. ET nous allons le sauvegarder tous ensemble grâce aux traces écrites, et aux enregistrements vidéos, des télévisions, des cinéastes professionnels ou amateurs.


En 70 ans, vous avez accompli chacun parcouru le parcours d'une vie

Nous brûlons d'impatience de reprendre ce récit, et de vous demander :

1 – Vos souvenirs personnels et familiaux de la Seconde guerre mondiale 1939-1945.
2 - Qu'est-ce qui vous frappe dans les changements depuis la guerre (dans la région, en France, dans le monde) ?
3 - Qu'est-ce qui vous a marqué durant ces soixante années de paix ?

Et même des questions intimes et fondamentales, car vous êtes des personnes d'expérience avec qui on peut parler avec confiance :

4 - Avez-vous conservé aujourd'hui un idéal (politique, social ou autre) ?
5 - Pour vous qu'est-ce qu'une vie réussie ?
6 - Quel message aimeriez-vous transmettre aux jeunes générations ?

Mais ce sont des questions libres, vous pouvez également en aborder d'autres.

Nous vous présentons :

1-Mme Chevrier, Monique Massuyeau,

venue d' OLONNE SUR MER  en Vendée
« j'étais donc à STE PAZANNE à l'école publique et à l'époque nous étions filles et garçons ensemble en classe ; nous avons eu MM. GOUZIL et PIGEON comme instituteurs et de cette période scolaire je n'en garde que des  bons souvenirs »
Vous avez accueilli de nombreux enfants réfugiés de la guerre
« mon père était chef de district à la SNCF il a été arrêté par la gestapo en mai 1944 et malheureusement il est décédé en déportation »
votre père Marcel Massuyeau qui travaillait à la SNCF a fait parti d'un réseau de résistants en temps qu' agent de renseignement de l'Armée Secrète. Il a été arrêté par la gestapo le 20 mai 1944 à Sainte Pazanne et déporté à Dachau en Allemagne le 18 Juin 1944 ou il décèdera le 26 octobre 1944. HOMMAGE A LUI

2-M. Marcel Moreau

Vous avez été scolarisé ici, école Gutenberg.

Nous vous faisons revenir sur vos pas.

Vous avez eu une vie aventureuse, entreprise de poids lours, vous avez convoyé des camions jusqu'en Asie et en Afrique.

Dans votre texte de la fin de la guerre, vous racontez que votre grand frère, André, de Chantenay, a été réquistionné pour le travail obligatoire en Allemagne, au service de l'économie en guerre du nazisme, qu'il y a refusé de travailler pendant des mois, et qu'il a rejoint un groupe de camarades résistants,
finalement, il est mort d'épuisement et de mauvais traitement en camp de concentration. Un pharmacien nantais de Basse-Indre a été témoin de sa mort. HOMMAGE A LUI

D'autres faits vécus :

Deux avions allemands se sont percutés pas loin d'ici, et aux Moustiers-en-Retz vous avez vu les corps des soldats anglais naufragés du Lancastria.

Un jour, deux avions allemands s'étaient percutés accidentellement dans le ciel de Chantenay. L'un était tombé au bout de sa rue Galilée, creusant un cratère aux environs de l'actuel arrêt de tram « Amiral-Duchaffault ». L'autre était tombé près de la place Jean-Macé. Leur chute avait entraîné le décès d'une vendeuse de légumes qui passait avec sa charrette à bras.
Marcel Moreau a été réfugié à la campagne à deux reprises : à Mortagne-sur-Sèvres en Vendée pendant les bombardements (son père avait construit un abri souterrain dans leur jardin) ; et d'abord aux Moustiers-en-Retz, au bord de la mer, au moment de la débâcle de 1940.
C'est aux Moustiers qu'il a vu des corps revenir sur la plage, ceux des victimes anglaise du Lancastria coulé par une bombe allemande, l'un des naufrages les plus meurtriers de l'histoire mondiale. Les Allemands avaient aligné pendant plusieurs jours ces morts, en pull-over blancs à cols roulés. Puis ils avaient eu une sépulture de fortune dans les dunes du bois du Collet, où les gens allaient leur rendre hommage en déposant des fleurs.

3- Michel Barbec

Vous avez écrit pour la brochure un texte émouvant (page 36) sur le retour de votre père après cinq ans de captivité en Allemagne.
Un de vos oncles, Henri Thomazic, avait été fusillé pour fait de résistance. Il était ouvrier soudeur aux Chantiers navals et résistant FTP. HOMMAGE A LUI

Monsieur Barbec vous vous souvenez bien d'Alfred Gernoux, cet instituteur passionné d'histoire locale qui a eu l'idée de publier cette brochure composée de rédactions d'enfants. C'était un « grand bonhomme sympathique », qui avait perdu un bras et un œil durant la guerre 1914-1918.
Il enseignait à un groupe d'élèves ayant pris du retard dans les écoles rurales où ils avaient été réfugiés pendant la guerre. Sa classe se trouvait sous les combles de la Bourse du travail, près de l'école publique Evariste-Luminais (dont la partie féminine avait été incendiée lors des bombardements).
Détail important : Monsieur Barbec se souvient que les dessins de la brochure (en partie, sinon en totalité) ont été exécutés par un jeune élève de l'école Evariste-Luminais qui s'appelait Joubert (mais qui n'est pas cité comme auteur de textes).
4 – Jean Nouvel

Vous aussi vous avez écrit dans la brochure. Et vous avez écrit un texte sur la venue du général de Gaulle à Nantes, juste après la guerre. Une ville qu'il avait nommée Compagnon de la Libération.

Vous étiez à l'école André-Lermite. Et vous aussi avez connu M. Gernoux. Vous allez nous raconter tous cela, et puis ce que vous avez fait depuis 70 ans.

D'autres rédacteurs de la brochure ont été contactés, mais ils sont retenus aujourd'hui, souvent par des problèmes de santé.


Et puis d'autres enfants de la guerre se sont fait connaître très aimablement,
souhaitant témoigner même s'ils n'avaient pas écrit dans la fameuse brochure. Nous vous remercions vraiment pour votre offre généreuse.


5 - Lionel AGENEAU

6 - Marcel BEZIER

Monsieur Bezier, votre père a été prisonnier. Vous connaissez M. Barbec ici présent et puis un autre enfant auteur de la brochure, qui est aujourd'hui décédé, Guy Lubert.

Monsieur Ageneau, vous aussi vous avez des souvenirs d'enfants auteurs de la brochure. Vous avez plein d'anecdotes à raconter sur la guerre.

Par exemple, vous savez par votre père Auguste Ageneau, quel docker a réussi à sauver le Pont-transbordeur des destructions allemandes.

Vous êtes venus ici avec un poste de TSF, ces fameux postes qui permettaient d'écouter clandestinement la voix de la Résistance, sur Radio Londres.

Collation

Petits groupes ateliers de conversation. Vous vous présenterez d'abord. Et vous pourrez vous aider du questionnaire fourni.



















Revue de presse écrite de la rencontre avec les anciens enfants témoins de la guerre


 Presse-Océan, mercredi 27 mai 2015

Ouest-France, mercredi 27 mai 2015

Ouest-France, mercredi 3 décembre 2004

Presse-Océan, Samedi 22 novembre 2014

Presse-Océan, 20 novembre 2014

mardi 22 novembre 2016

Première exploration des sites de mémoire vécue des bombardements : feuille de pré-répartition par quartiers des groupes "psycho-géographiques" unisssant jeunes lycéens et témoins. Questionnaire.



Pré-annonce de la première rencontre entre les lycéens et les témoins des bombardements. Ouest-France, 10 septembre 2003.



Ce travail est devenu un livre


Quotidien Ouest-France du 09/05/2005



Les élèves du lycée Michelet ont recueilli des centaines de témoignages des bombardements de Nantes en 1943. Ce travail est devenu un livre, distribué auprès de tous ceux qui ont collaboré à conserver cette mémoire vivante.
Ils se retrouvent et se racontent encore une fois des souvenirs intacts, indélébiles. Les bombardements de Nantes des 16 et 23 septembre 1943 ont figé les mémoires des survivants avec une acuité fulgurante. Ce sont ces souvenirs, qu'à l'initiative d'un professeur de Français du lycée Michelet, Luc Douillard, ses élèves ont entrepris de collecter. Des souvenirs, mais aussi ce qu'il y a de plus humain : le ressenti physique qui, lui, ne change pas de temps. L'absurde qui bouleverse une vie en une seconde. Un travail pédagogique exemplaire et remarquable mené par les élèves en BEP plomberie, et d'autres, auprès de 180 témoins ayant répondu à une petite annonce. Ils sont allés avec eux, sur les lieux de chaque drame, comme pour mieux prendre la mesure des choses. Puis, écrire, comme une délivrance, par procuration. Une communion sur le sens de l'histoire, un passage de témoin, qui est devenu un livre, édité à 2 000 exemplaires (1).
Devant l'ampleur du travail réalisé, la ville de Nantes s'est impliquée à son tour, afin de contribuer à ce travail d'édition, avant les cérémonies commémoratives du 8 mai 1945. Pari gagné.
L'héritage
Samedi soir, témoins, enseignants et élèves se sont retrouvés à la mairie autour de cet ouvrage hors du commun, à multiples mains et à multiples voix. « Ceci ne pouvait pas rester sans suite, il fallait rendre hommage à toutes les victimes anonymes de la guerre, même si la vie fait son oeuvre et efface, nous devons conserver l'héritage des luttes et des souffrances, mais aussi de la liberté et de la démocratie », a souligné Jean-Marc Ayrault avant de rappeler que le travail des enseignants, est aussi une mission, « peut-être la plus belle ».

(1) « Témoignages sur les bombardements des 16 et 23 septembre 1943 à Nantes » est diffusé en édition hors commerce.

Le maire a distribué un exemplaire du livre aux élèves du lycée Michelet, mais aussi à tous ceux qui ont apporté leur témoignage.

Camille GUILLEMOIS.










Lycéens cherchent témoins des bombardements (2009)


 

Lycéens cherchent témoins des bombardements



Quotidien Ouest-France du 11/09/2009

Le 16 septembre 1943, les bombes tombent sur Nantes. Pour un documentaire, des lycéens de Michelet invitent les survivants des bombardements nantais à témoigner.
« Où étiez-vous le 16 septembre 1943, à 16 h ? » Cette question, des lycéens de Michelet vont la poser aux Nantais qui ont vécu la guerre et les bombardements de Nantes. Ces témoignages seront utilisés pour la réalisation d'un documentaire du cinéaste nantais François Gauducheau, destiné aux chaînes nationales.
Et au lycée, ce projet, fil conducteur de l'année, va croiser différentes disciplines. Le français et l'histoire, bien sûr, mais aussi le travail manuel en atelier. Il est prévu, par exemple, que les lycéens fabriquent, en atelier plomberie, des bornes interactives relatant des épisodes de la guerre, dans des lieux bombardés de Nantes.
Pas la première fois que le lycée professionnel Michelet se penche sur cette période de l'histoire. En 2003, déjà, Luc Douillard, professeur à l'origine de cette initiative, avait amené ses élèves de BEP plomberie à récolter les témoignages de survivants des bombardements. Une rencontre émouvante, sur les lieux du drame, avait réuni les jeunes et plus de deux cents anciens. Le projet avait également abouti à la publication de deux ouvrages.
Le prof de français et d'histoire-géo récidive cette année avec d'autres élèves en BEP plomberie et CAP peinture et revêtement. Mercredi, ils invitent les Nantais qui ont vécu cette journée du 16 septembre 1943 à les rencontrer à l'espace Cosmopolis.
« Il y a urgence »
« On a contacté les personnes qui avaient témoigné il y a six ans, explique Luc Douillard. Mais certaines des lettres nous reviennent. Des personnes sont décédées. D'autres, aujourd'hui très âgées, ne peuvent plus se déplacer. » « On est la dernière génération qui peut encore rencontrer les témoins de cette guerre, ajoute Siff-Eddine, 17 ans, élève en BEP plomberie. Il y a urgence. »
En 2003, ce sont surtout des jeunes adultes en 1943 qui avaient témoigné. « Là, on fait aussi appel aux enfants et ados de l'époque, précise Luc Douillard. Et on leur demande de venir avec un objet souvenir. » L'appel à témoignages s'étend aussi aux Nantais d'adoption, réfugiés de guerre, venus de Tchétchénie, d'Irak, de Palestine...
Une quarantaine d'élèves participent à l'aventure. Avec enthousiasme. « Lire des documents sur cette période, c'est bien, affirme Siff-Eddine. Mais rencontrer les gens qui l'ont vécu, c'est nettement plus vivant. » « Ça peut aussi faire du bien aux personnes âgées de raconter ce qu'ils ont vécu, souligne Matthew, 16 ans. L'occasion, pour certains, de dire des choses dont ils n'ont jamais parlé. »
« C'est l'histoire de notre ville, disent aussi Anaïs, Ruddy et Hantz. Forcément, ça nous intéresse. » Les photos de Nantes après les bombes, les ont interpellés. « La place de la Fnac, éventrée. Un cheval mort, place du commerce. Des trous de bombes là où il y a la médiathèque... »
Ils attendent avec impatience l'échange de mercredi et prennent leur rôle de « passeurs de mémoires » avec sérieux. Et fierté. « Souvent quand on dit qu'on est à Michelet, ça rigole. Ce projet, il est utile pour tout le monde. Et il est valorisant. »

Yasmine TIGOÉ.

Les témoins des bombardements nantais et les réfugiés de guerre témoins ou victimes de bombardements dans leur pays, sont invités à une rencontre mercredi 16 septembre à partir de 14 h 30, espace Cosmopolis, rue Scribe à Nantes.
Quelques-uns des lycéens, avec leur professeur Luc Douillard, qui participent à la réalisation du documentaire de François Gauducheau sur les bombardements du 16 septembre 1943.

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Bombardements de 1943 : l'enquête des lycéens devient un roman !


Bombardements de 1943 : l'enquête des lycéens devient un roman !





Quotidien Ouest-France du 03/06/2008

« Ami, entends-tu... » raconte la résistance antinazie à Nantes en 1943, vue par un jeune narrateur nommé Félix. Ce roman historique vient de paraître. Son auteur, Béatrice Nicodème, est parfois considérée comme l'un des auteurs majeurs du roman policier français.
Béatrice Nicodème cite parmi ses sources l'enquête des élèves en BEP Plomberie et Finitions (Peinture et plâtrerie) du lycée professionnel Michelet.
En 2003, ils avaient recueilli près de 200 témoignages exceptionnels de témoins des bombardements meurtriers de septembre 1943. Avec ces témoins, ils avaient marché sur les traces de ces journées tragiques.
« Lorsque cette enquête a été menée par les lycéens, note Luc Douillard, professeur à l'initiative du projet, le pari était de parvenir à un résultat de qualité « professionnelle » qui puisse servir ultérieurement à des historiens et écrivains. C'est chose faite avec ce roman. Nous remercions l'auteur pour la force de son récit. Ainsi que pour sa gratitude envers le lycée professionnel du bâtiment Michelet. »
« Ami, entends-tu... », un roman sur la Résistance à Nantes.

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L'anniversaire des bombardements commémoré par des élèves de Michelet. Où étiez-vous le 16 septembre 1943 ?



L'anniversaire des bombardements commémoré par des élèves de Michelet. Où étiez-vous le 16 septembre 1943 ?




Quotidien Ouest-France du 10/04/2003

Une classe de BEP du lycée Michelet va commémorer les 60 ans des bombardements sur Nantes en organisant des entretiens et une journée anniversaire avec des témoins des épisodes de 1943.
« Où étiez-vous le 16 septembre 1943 à 16 h 05 ? », c'est la question centrale de l'enquête commémorative que vont mener les élèves d'une classe de BEP du lycée Michelet. Avec leur professeur d'histoire, ils sont à la recherche de personnes qui ont vécu ces terribles événements, notamment des résistants, afin de comprendre ce que l'on peut ressentir lors d'une telle situation.
Les élèves ont déjà commencé les recherches documentaires. Pour certains d'entre eux, les bombardements de Nantes, 28 attaques aériennes de juillet 1940 à août 1944, ont été une découverte. Les 16 et 23 septembre 1943, Nantes est ravagée par une véritable « pluie de bombes » qui fera 1 463 victimes et environ 2 500 blessés. L'aviation anglaise et américaine vise le potentiel économique, industriel et militaire des nazis, mais le centre-ville est lourdement touché. 700 maisons et immeubles sont détruits, notamment la rue du Calvaire et les magasins Decré.
Pour commémorer cet épisode historique, les élèves du lycée Michelet souhaitent rencontrer les témoins lors d'entretiens. Ils organisent aussi l'anniversaire des 60 ans, le 16 septembre 2003, en invitant les témoins à se replacer à l'endroit exact où ils se trouvaient à 16 h 05, lorsque les avions sont apparus.
« L'enjeu de ce projet pédagogique original est la transmission de la mémoire, souligne Luc Douillard, professeur à l'initiative de cette idée. C'est l'occasion de mettre en relation des générations éloignées : les jeunes des années de guerre et les jeunes d'aujourd'hui. » Les entretiens pourront ainsi être élargis à l'expérience des témoins dans le demi-siècle qui vient de s'écouler et à leurs opinions sur les guerres qui ont jalonné l'histoire, jusqu'au conflit actuel en Irak.
Contact : les témoins des bombardements peuvent écrire, en laissant si possible une adresse et un numéro de téléphone, à Classe BEP 2.5 M. Douillard lycée Michelet, 41, boulevard Jules-Michelet BP 22 201 44322 Nantes Cedex 3 ou sur internet : 16septembre.1943@laposte.net
Matthieu MAURY.
Sinisa, Freddy, Abdessalem et Olivier, en compagnie de leur professeur Luc Douillard, devant une des principales cibles des bombardements, les chantiers navals.

Matthieu MAURY.

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130 rescapés des bombardements veulent témoigner Le poignant rendez-vous du 16 septembre


130 rescapés des bombardements veulent témoigner - Le poignant rendez-vous du 16 septembre




Quotidien Ouest-France du 10/09/2003

130 survivants des bombardements du 16 septembre 1943 ont accepté de témoigner dans le cadre de l'opération lancée par un enseignant et des élèves du lycée Michelet. Ils ont rendez-vous mardi à Nantes, pour certains sur les lieux même où ils se trouvaient quand les bombes tombèrent sur Nantes.
« Où étiez-vous exactement le 16 septembre 1943 ? » Lancée au printemps par Luc Douillard et ses élèves du lycée Michelet, la question a trouvé écho chez les Nantais qui ont vécu les terribles bombardements. Soixante ans après, 130 d'entre eux ont écrit à l'enseignant, affirmant avec force leur volonté de témoigner. Cela va de quelques lignes à de longues et émouvantes pages balayant les rues de Nantes comme autant de caméras, relatant des histoires personnelles faites de disparitions de proches, de recherches dans les ruines ou à la chapelle ardente des Beaux-Arts, mais aussi de retrouvailles après de longues heures d'angoisse.
« Ça correspondait à un besoin fort », note Luc Douillard, qui a eu l'idée de construire ce pont entre les générations, entre ces adolescents de 2003, élèves en BEP, et ceux de 1943. Des bombardements les uns ne connaissent que les images désincarnées et froides de la guerre en Irak. Les autres ont connu l'enfer d'une belle journée de 1943, ils ont croisé les rescapés hagards et couverts de poussière, ils ont vu les corps martyrisés, piétinés dans les ruines des immeubles éventrés. Ils ont aussi perdu des parents, des proches, des camarades. Et quand les bombes sont tombées sur l'Irak, beaucoup ont repensé à ce qu'ils avaient vécu en 1943 attestent des courriers.
Un objet
Reste maintenant à réussir la seconde partie de l'opération. Car mardi 16 septembre Luc Douillard espère réunir ses élèves et les témoins de 1943. Ce jour-là, dans le cadre des cérémonies commémoratives, il a prévu une rencontre à l'espace Cosmopolis. Ensuite, il invitera les témoins à se rendre dans le centre-ville de Nantes, accompagnés des élèves, à l'endroit où les enfants et les adolescents d'hier étaient, peut-être, il y a soixante ans, quand les bombardiers apparurent dans le ciel de Nantes. « Cette rencontre exceptionnelle vise à passer la mémoire entre des générations différentes, à recueillir des témoignages sensibles sur la guerre réellement vécue, avec les souvenirs concrets des bruits, des fumées, des poussières, des silences, de l'horizon urbain bouleversé par la disparition soudaine de pans entiers de rues et de quartiers. »
L'ensemble du travail fera l'objet d'une publication ultérieure réalisée par les élèves. Pour les témoins qui ont gardé une trace matérielle de l'époque, on leur propose de venir avec un objet attaché à la période. Ce peut être un journal, une photographie, un débris de vaisselle, une poignée de porte ou tout autre un objet arraché aux ruines.....
Blessure
L'enseignant est bien conscient des difficultés de l'initiative. Les témoins ont pris de l'âge, parfois perdu en mobilité. Surtout l'émotion reste intacte, immense. La blessure ne s'est pas refermée montrent les lettres reçues et les contacts pris avec les témoins. Alors, Luc Douillard, qui a monté l'opération avec la mairie de Nantes, insiste sur les conditions d'accueil. Le rendez-vous est prévu à 14 h 30, à l'espace Cosmopolis (1). « Ceux qui désirent juste venir témoigner, sans marcher, pourront rester à l'espace, où des places assises sont prévues pour tous, avec des boissons », explique Luc Douillard. L'important étant que s'instaure le dialogue entre les générations, sur place, ou dans le cadre plus confortable de Cosmopolis.
Marc LE DUC.
(1) mardi 16, à 14 h 30, Cosmopolis, ex-espace Graslin, dans le même bloc que le parking couvert derrière le théâtre Graslin. On y accède par le 18 de la rue de Scribe.
Marc LE DUC.

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Lycéens à Michelet, ils retrouvent des écoliers de 45 (Ouest-France, 27 mai 2015)



Lycéens à Michelet, ils retrouvent des écoliers de 45




ouest-france.fr du 27T02:03:23/05/2015

Des lycéens de Michelet sont partis à la recherche d'écoliers nantais, qui, en 1945, ont participé à l'écriture de La guerre vue par des enfants. Écoliers d'hier et d'aujourd'hui se sont rencontrés, école Alphonse-Braud.
Autour des tables, des « anciens » de 80 ans et des poussières, des lycéens de Michelet, en CAP des métiers du bâtiment et des élèves de 10-11 ans en CM1-CM2, à l'école Alphonse-Braud. La timidité du début laisse vite la place à la conversation. « Mon père a été arrêté le 20 mai 1944, raconte Monique Chevrier. J'avais eu 10 ans la veille. Ma mère est venue à l'école prévenir l'instit. Avec ma soeur, qui avait 14 ans de plus, on n'est pas rentrée à la maison ce jour-là. Car ma mère savait qu'on pouvait aussi l'arrêter... Mon père a été déporté à Dachau où il est décédé. » Pas besoin de puiser très loin dans les souvenirs. Les événements sont là, si loin, si proches. « Tout ça remonte à la surface », avoue l'octogénaire. Les gamins écoutent, attentifs, curieux.
Cette rencontre a été impulsée par Luc Douillard, prof à Michelet. Il s'est penché avec ses élèves sur un livre de 1945, La guerre vue par des enfants. Un ouvrage écrit par des enfants nantais, à l'initiative d'un enseignant, Alfred Gernoux. L'idée de Luc Douillard et des jeunes de Michelet ? Retrouver ces enfants d'hier et revenir avec eux sur leurs souvenirs de guerre. Ils ont lancé un appel dans les médias pour les retrouver, envoyé des courriers dans les écoles où ils étaient scolarisés à l'époque...
Un récit interrompu depuis 70 ans
Ce mardi matin, quatre des auteurs du livre sont là, Marcel Moreau, Monique Chevrier, Jean Nouvel et Michel Barbec. Touchés d'entendre leurs textes lus par les écoliers. Deux autres « anciens », Christian Émereau et Marcel Bézier, écoliers à Alphonse-Braud il y a 70 ans, sont venus, aussi, à la rencontre des élèves. « Pour eux, 70 ans, c'est le Moyen Âge, sourit Sandrine Perraudeau, enseignante et directrice d'Alphonse-Braud. Là, l'histoire devient concrète. »
Dans la salle, émotion palpable, des plus grands, comme des plus jeunes. « Il n'y a presque plus d'adultes témoins de la guerre : les plus jeunes des résistants, ceux qui avaient 15 ans en 1940 ont aujourd'hui plus de 90 ans, souligne Luc Douillard. C'est donc aux enfants de la guerre, ceux qui étaient encore enfants en 1945, que nous nous adressons. Ils sont porteurs de la mémoire. On reprend aujourd'hui un récit interrompu depuis soixante-dix ans. »
Un flambeau
Soixante-dix ans ont passé mais la mémoire est vive. Christian Émerau raconte aux écoliers d'aujourd'hui, les biscuits vitaminés qu'on distribuait aux enfants, juste après la guerre. « On appelait ça des renforts », dit-il. Mais il dit aussi les bons points reçus en classe et parfois, les coups de règle sur les doigts. À une autre table, Marcel Moreau évoque la réquisition de son grand-frère, pour le travail obligatoire, et ce qui l'a marqué après la guerre.
« Des souvenirs, il y en a beaucoup, confie Michel Barbec. Les bombardements, l'arrestation de mon oncle dénoncé par un copain sous la torture... Ça marque beaucoup. Ça fait du bien de voir qu'on pense à nous. » Dans La guerre vue par des enfants, il décrit le retour d'Allemagne de son père, le 6 mai 1945. Aux jeunes, ce matin-là, il vient leur dire « d'aimer la vie ».
Mahmudul et Quentin, lycéens, ne perdent pas une miette du récit de Monique. « Quel message voudriez-vous transmettre aux jeunes générations ? » lui demandent-ils. « Ayez confiance, gardez le cap et l'optimisme » répond la vieille dame. C'est à son tour, à présent, de poser une question : « Comment vous m'imaginiez ? » Quentin rougit, et ose : « Je pensais que vous seriez moins en forme que ça. »
Il est bientôt midi, et personne n'a vu le temps passer. Mahmudul et Quentin sont visiblement ravis. « C'est formidable de partager un moment comme ça. C'est important d'avoir cette mémoire-là. C'est comme un flambeau, transmis d'une génération à l'autre. »

Yasmine TIGOÉ.

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lundi 21 novembre 2016

Des rescapés racontent l'enfer aux lycéens (soixantième anniversaire des bombardements de Nantes)


Des rescapés racontent l'enfer aux lycéens


Quotidien Ouest-France du 17/09/2003

Plusieurs centaines de survivants des bombardements de Nantes (1463 morts en septembre 1943) sont retournées, hier, sur les lieux du drame, guidées par des élèves d'un lycée professionnel. Petit à petit, l'horreur est sortie des mémoires, allégeant le fardeau si longtemps porté.
« J'ai aperçu un bout de ciel bleu. Je me suis dit : on est sauvés. » Michelle, qui avait 13 ans sous les décombres le 16 septembre 1943, lève les yeux : « Un ciel bleu, comme aujourd'hui. » L'histoire est ainsi faite. Soixante ans après les bombardements qui ont détruit le centre de Nantes, les survivants sont redescendus hier dans les rues de "l'enfer", sous le même ciel arrogant qu'à l'époque. Plusieurs centaines de personnes ont répondu à l'appel lancé par Luc Douillard. Ce professeur de français et d'histoire-géo du lycée professionnel nantais Jules-Michelet souhaitait réunir, sur le lieu même du drame, des rescapés et des élèves de sa classe de terminale BEP plomberie.
Un retour sur une période sombre de l'histoire de Nantes. Le 16 septembre 1943, à 16 h, les avions américains anéantissent soudain le cœur de la ville : du port à la place de Bretagne, place Royale, l'Hôtel-Dieu... Durant deux jours, une pluie de bombes s'abat sur les habitants: 1 463 morts et 2 500 blessés. Une ville sinistrée, traumatisée. Les Nantais n'avaient jamais imaginé être la cible des avions qu'ils voyaient si souvent voler au-dessus de leurs têtes. Il y avait déjà eu plus de 320  alertes, rarement suivies d'une attaque.
Sur son bout de trottoir, Michelle, les larmes aux yeux, achève son récit. « Échappée du porche où j'étais réfugiée avec ma maman, je criais : au secours, on n'est pas mort. » Aujourd'hui, elle ne peut oublier « la rue du Calvaire en feu, les hurlements ». Près d'elle, d'autres survivants accompagnés de trois lycéens attentifs, Olivier, Jean-Marie et Maxime. Jacques prend la parole. « Je suis sorti en catastrophe du cinéma où on jouait Le Comte de Monte-Cristo. Ce cinéma-là, juste à côté. J'ai vu l'enfer. J'étais seul, complètement traumatisé. » Les uns après les autres, ils racontent l'horreur. Du sang, beaucoup de sang, des gens livides, des corps entassés et des appels désespérés d'enfants. Ces minutes qui ont bouleversé leur vie et dont ils n'ont, pour certains, jamais parlé.
Pourquoi Suzanne ose-t-elle, aujourd'hui ? Elle avait 15 ans. Elle raconte sa fuite avec sa maman et sa petite sœur de 26 mois, sous un porche place Graslin, puis au commissariat, près de la Cigale. « Quelqu'un nous a dit "couchez-vous"». Je me suis réveillée, ensevelie sous les décombres. Suzanne conserve au fond d'elle cette sensation d'horreur : « en me relevant, j'ai marché sur un corps. » La petite sœur pleurait dans les bras de sa maman. Celle-ci, conduite dans un hôpital de fortune à demi-consciente, mourut quelques heures plus tard.
Olivier, Jean-Marie et Maxime jouent les accompagnateurs appliqués, très attentifs aux témoignages précis des anciens, surpris par ce flot continu de paroles. Les survivants ressortent des photos jaunies du drame et de l'après-16 septembre. Yves avait 6 ans. Il tire de son sac l'ours en peluche de son enfance. Ce jour-là, le petit garçon serrait Tintin dans ses bras, réfugié sous la guinguette pendant que tombaient les bombes dans la Loire. Le fleuve où il se baignait quelques minutes plus tôt, sur la petite plage de Trentemoult. Ce sont les milliers de poissons, ventres en l'air, qui l'ont effrayé.
Se remettre à parler du traumatisme, mais aussi revoir ceux dont on n'avait plus de nouvelles... Près de l'église Saint-Nicolas, au milieu des immeubles aujourd'hui reconstruits, Yves discute avec Michel. Leurs mères étaient amies intimes. Ils ne s'étaient jamais revus depuis septembre 1943. « Les bombardements ont coupé tous les liens. Après, on est reparti de zéro », explique Michel.
A l'écoute de cette génération meurtrie par la guerre, les jeunes du lycée Michelet réalisent peu à peu l'intensité de l'événement. « On a bombardé ici comme en Irak. Je suis contre la guerre. C'est inutile de perdre des vies ainsi. Surtout qu'à Nantes, on a visé la ville et non les bases militaires », observe Jean-Marie. Maxime retiendra de cette journée sa rencontre avec une dame très émue, qui lui a confié son histoire. « Je me suis approché d'elle pour l'aider à reprendre ses esprits. »
Leur enseignant, lui, se réjouit du succès de la journée : « Les élèves ont été emportés par le sérieux de l'affaire. C'est le début d'un vrai travail. » La publication d'un livre est envisagée.
Vanessa RIPOCHE.