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vendredi 25 novembre 2016

Le ministre Charles Fiterman aspergé de grains de riz pour alerter sur la faim dans le monde, à Nantes le samedi 21 novembre 1981.













Attentat non-violent au Palais Bourbon : les jeunes nantais du HOU déversent par surprise des centaines de tracts sur la tête des députés, 18 novembre 1981.

"Nous refusons que notre pays fasse partie plus longtemps du camp des assassins".
Cette action a eu lieu en direct pendant les retransmissions parlementaires télévisées du mercredi 18 novembre 1981, au moment de l'examen par l'Assemblée nationale du premier budget de l'Aide au développement du gouvernement PS élu en mai-juin 1981.








Le tract qui a été diffusé en pluie par centaines sur la tête des députés.



mardi 22 novembre 2016

Un groupe de treize lecteurs réagit au projet d'installation d'un casino à Nantes.


Archives Ouest-France

Quotidien Ouest-France du 12/12/1998

Un groupe de treize lecteurs réagit au projet d'installation d'un casino à Nantes. Il s'agit de Jean-Pierre Avermaete, journaliste économique ; Xavier Baglin, gestionnaire Éducation nationale ; Frédéric Barbe, géographe ; Nicole Cayzelle, institutrice ; Philippe Coutant, Nantais ; Luc Douillard, président d'association ; Yves Laventure, employé de banque ; Emmanuelle Lefèvre, institutrice ; Catherine Ouvrard, institutrice ; Gérard Richard, citoyen nantais ; Madeleine Riou, informaticienne ; Catherine Tisserant, étudiante ; Marc Vayer, professeur. 

« On apprend ces jours-ci par Ouest-France que 'Nantes mise sur un casino' [...] Des machines à sous... est-ce ce que nous souhaitons vraiment pour les jeunes (et les moins jeunes) de Nantes ? Les casinos, tout le monde sait bien que cela veut dire : des facilités pour blanchir l'argent sale du crime et de la corruption ; des connexions plus que malsaines avec la bulle spéculative mondiale, et les paradis fiscaux ; des opportunités pour installer la pègre, pardon, le crime organisé, et les mafias dans une ville de province ». 

Au premier rang des vecteurs du blanchiment 

« Ironie de l'histoire : le supplément 'Économie' du journal Le Monde publie ce même jour (4 novembre 1998, annonce d'un projet de casino à Nantes) un compte rendu du livre alarmant 'Finance criminelle' de Marie-Christine Dupuis (consultante du Centre de recherche sur les menaces criminelles contemporaines de l'université de Paris-II). On y lit (entre autres horreurs sur les paradis fiscaux, la drogue et la prostitution, la déréglementation économique mondiale), des nouvelles qui concernent désormais directement les citoyens de cette bonne ville de Nantes : 'Au premier rang des vecteurs du blanchiment figurent les banques [...] les bureaux de change et les assurances [...] Mais ce sont les casinos que préfèrent les mafieux en quête de recyclage, car ils acceptent l'achat de leurs jetons en liquide et remboursent ceux-ci avec des chèques'. 

« Plus loin, cet article du Monde (par Alain Faujas) indique comment 'l'argent sale s'investit dans une série d'entreprises qui manipulent l'argent liquide'. Mais il omet de suggérer l'opportunité en argent liquide que sont les billetteries non-numérotées de grandes manifestations sportives et de spectacles culturels subventionnés, ce qui est remarquable, surtout lorsque l'on note : la faiblesse actuelle des moyens accordés à la Chambre régionale des comptes, au procureur de la République et la police financière, pour la surveillance des institutions nantaises ; la localisation prévue pour ce futur casino, dans un quartier hautement culturel en pleine rénovation : 'un hôtel quatre étoiles et un casino en face de la Cité des congrès' (Ouest-France); les critères éminemment 'culturels' pour l'implantation d'un casino : 'Manifestement, Nantes entre dans les critères d'accueil d'un casino. Outre le centre d'une agglo de plus de 500 000 habitants, il faut en effet participer pour plus de 40 % au fonctionnement d'institutions culturelles ' (Ouest-France). D'ores et déjà, et depuis plusieurs années, plusieurs villes du sud de la France connaissent des intimidations, des provocations et des assassinats, que le milieu du crime organisé, souvent proche des professionnels des casinos, est en mesure de faire subir à la société civile et aux élus locaux. A ce stade, ce sont évidemment les bases élémentaires de la vie en démocratie qui sont compromises durablement ». 

Est-ce ce que nous souhaitons importer ? 

« Depuis les années 1990, la société française est soumise à un véritable harcèlement publicitaire et psychologique en faveur des jeux d'argent. Ce harcèlement est organisé par les professionnels des jeux d'argent, en particulier la Française des jeux et les casinos grâce à d'énormes moyens financiers, qui font se coucher les élus. Ce harcèlement repose sur l'illusion que nous vivons tous dans une société de gagnants. Il est grand temps de stopper ce harcèlement organisé en faveur des jeux d'argent au lieu de vouloir l'étendre par une présence au coeur même de la ville. Question subsidiaire : comment une municipalité de gauche peut-elle afficher une telle soumission à l'argent-roi, ses mécomptes et ses mythologies ? 

« Non seulement, les dépenses effectuées dans un casino sont par nature improductives, mais en outre il faut considérer qu'elles sont soustraites au budget des ménages alors qu'elles auraient été sinon dépensées auprès des commerces et industries locales. Où vont ces recettes des casinos ? : 60 % environ du produit brut des jeux sont prélevés par l'État, c'est-à-dire par Bercy à Paris, et quittent donc l'économie régionale au lieu de l'alimenter. Le solde consenti à la trésorerie municipale de la commune d'accueil (jusqu'à 15 %) reste très marginal et ne peut occulter que chaque année des dizaines de millions de francs s'évaporaient en pures pertes de la sphère de l'économie nantaise. Réagissons avec toutes les personnes de bonne volonté, tant qu'il est encore temps ».

Un casino est en projet à Nantes. Il se situerait en face de la cité des congrès.


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Nantes : la citation tronquée d'André Breton

Nantes : la citation tronquée d'André Breton




Quotidien Ouest-France du 22/04/2000 (courrier des lecteurs)

M. Luc Douillard, de Nantes : ' Depuis quelques années, la municipalité multiplie les poses de plaques commémoratives sur les lieux de mémoire de Nantes.

Pour avoir entrepris avec mon ami Marc Vayer une recension systématique de ces documents souvent passionnants, je ne peux que m'en réjouir, même si l'on regrette parfois de ne plus retrouver l'excellence des fondeurs d'autrefois, dans ces plaques actuelles, où les lettres collées sur une tôle trop faible épousent une typographie parfois fantaisiste. ' 

Mardi dernier, les autorités culturelles ont cru bon d'apposer au parc de Procé une plaque en hommage à la célébrissime citation d'André Breton à propos de Nantes. Il est bien dommage que cette si belle phrase ait été à nouveau partiellement escamotée, comme cela arrive trop souvent, et sans que la coupure ne soit signalée, comme il se doit, par des points de suspension encadrés de parenthèses. ' 

En voici le texte exact (avec le passage tronqué indiqué en italique *) : ' Nantes peut être avec Paris la seule ville de France où j'ai l'impression que peut m'arriver quelque chose qui en vaut la peine, où certains regards brûlent pour eux-mêmes de trop de feux (je l'ai constaté encore l'année dernière, le temps de traverser Nantes en automobile et de voir cette femme, une ouvrière je crois, qu'accompagnait un homme et qui a levé les yeux ; j'aurais dû m'arrêter), où pour moi la cadence de la vie n'est pas la même qu'ailleurs, où un esprit d'aventure au-delà de toutes les aventures habite encore certains êtres. Nantes, d'où peuvent encore me venir des amis ; Nantes où j'ai aimé un parc, le parc de Procé.' André Breton, 'Nadja'. ' 

Je n'ai pas eu le temps de vérifier, mais on sait que l'auteur a entièrement revu en 1963 la première édition de 'Nadja', qui datait de 1928. Si le passage manquant fait partie de la nouvelle édition, il a cependant force de texte définitif dans l'oeuvre de Breton et doit être respecté. ' En effet, cet oubli fait souffrir à la fois le rythme et le sens. ' Le rythme : pour anarchistes des lettres qu'ils étaient (... et flibustiers des arts et subversifs de tout l'ordre social), les surréalistes, et d'abord André Breton, ne s'inscrivaient pas moins dans la plus classique tradition de la prose française, celle de Bossuet et de Chateaubriand, respectant les périodes de la rhétorique et la cadence de la phrase, frappée ici par les trois répétitions magiques du mot 'Nantes'. Ce sont les trois coups sonores, frappés dans le souvenir intime, qui permettent au poète d'ajouter son incidente, sans ruiner l'équilibre de la phrase. ' 

Le sens : même s'il est de bon ton aujourd'hui d'oublier que Nantes fut et demeure une ville populaire, nous avons toujours été profondément ému par cette rencontre fugitive entre André Breton et le regard bouleversant, proprement inqualifiable, de cette ouvrière anonyme, accompagnée d'un homme dans les rues de Nantes. 'J'aurais dû m'arrêter.' : tous les regrets irréparables de l'uchronie humaine sont dans ces mots. Reverrons-nous jamais ces poignantes passantes ? 

L'u-chronie, on le sait, est l'étude des événements imaginaires qui pourraient (ou qui auraient pu !) avoir lieu, dans l'écoulement du temps historique, tandis qu'au contraire l'u-topie n'est que l'énonciation, d'ailleurs souvent totalitaire, des lieux uniques qui pourraient exister quelque part, dans l'espace. ' 

 Ainsi, le hasard objectif était au rendez-vous à Nantes. Qu'est devenue cette ouvrière ? J'y ai souvent repensé. '

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* La typographie de Ouest-France a disparu sur cette version.