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mardi 20 décembre 2016

Appel des Résistants aux jeunes générations, du 8 mars 2004 : texte, vidéo, photos inédites.

Une vidéo :











Le texte complet :



Appel des Résistants aux jeunes générations du 8 mars 2004 /
Appel à la commémoration du 60e anniversaire du programme du C.N.R. de 1944


Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l'héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.

Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et soeurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n'a pas totalement disparu et notre colère contre l'injustice est toujours intacte.

Nous appelons, en conscience, à célébrer l'actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d'accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s'éteigne jamais :

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Nous appelons d'abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l'anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des " féodalités économiques " , droit à la culture et à l'éducation pour tous, presse délivrée de l'argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l' Europe était ruinée ? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.

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Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau "Programme de Résistance " pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l'intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.

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Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n'acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.

Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection :
" Créer, c'est résister. Résister, c'est créer ".
Signataires :
Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.


Les personnalités de la Résistance signataires de cet Appel du 8 mars 2004 (réunis suite à une invitation du mouvement ATTAC) sont :
  • Lucie AUBRAC, décédée le 14 mars 2007, enseignante, co-fondatrice du mouvement résistant « Libération », prend la tête d’un commando armé pour libérer son mari arrêté à Lyon par la Gestapo. A la Libération, elle est chargée de superviser l’installation des comités départementaux de Libération (notamment à Nantes).
  • Raymond AUBRAC, décédé le 10 avril 2012, ingénieur, co-fondateur de « Libération-Sud », membre de l’Etat-major de l’Armée secrète, arrêté deux fois, commissaire de la République à Marseille (préfet régional) lors de la Libération.
  • Henri BARTOLI, décédé le 1er octobre 2008, reconnu "Juste parmi les nations" (pour avoir sauvé des Juifs), résistant alors qu’il est lycéen et étudiant, diffuse « Témoignage chrétien » clandestin et des faux-papiers, travaille au sein du CNR sur la politique économique d’après-guerre.
  • Daniel CORDIER, parachuté en France occupée, principal adjoint et secrétaire de Jean Moulin, fondateur du CNR (Conseil national de la Résistance)
  • Philippe DECHARTRE, décédé le 7 avril 2014, résistant, membre des cercles de gaullistes historiques, plusieurs fois ministre et député après la guerre.
  • Georges GUINGOUIN, décédé le 27 octobre 2005, instituteur, résistant dès l’été 1940, prend la tête des maquis de la région de Limoges (jusqu’à 20 000 combattants), ville qui est libérée sans attendre les Alliés, maire de Limoges après la guerre.
  • Stéphane HESSEL, décédé le 27 février 2013, jeune allemand naturalisé français avant la guerre, rejoint de Gaulle en 1941, chargé de mission en France occupée, arrêté en juillet 1944 et déporté à Buchenwald puis Dora. Carrière d’ambassadeur après la guerre. Militant antiraciste. Auteur de « Indignez-vous ! » traduit en 34 langues et vendu à 4 millions d'exemplaires.
  • Maurice KRIEGEL-VALRIMONT, décédé le 2 août 2006, syndicaliste avant la guerre, membre du Comité militaire du CNR, responsable militaire de la libération de Paris avec Rol-Tanguy. Député communiste après la guerre.
  • Lise LONDON, décédée le 31 mars 2012, ancienne des Brigades Internationales dans l'Espagne républicaine, capitaine dans la Résistance, ancienne déportée à Ravensbrück, épouse d’Arthur London (ministre tchèque victime du stalinisme en 1952).
  • Georges SÉGUY, décédé le 13 août 2016, ouvrier-imprimeur, résistant au sein des Francs-Tireurs et Partisans Français, arrêté en 1944, déporté au camp de Mauthausen, dirigeant syndicaliste après la guerre.
  • Germaine TILLION, décédée le 19 avril 2008, ethnologue spécialiste de l’Algérie avant la guerre, chef du réseau de Résistance du Musée de l'Homme, déportée à Ravensbrück, militante humaniste et anticolonialiste après la guerre
  • Jean-Pierre VERNANT, décédé le 9 janvier 2007, grand historien spécialiste de la Grèce antique, étudiant antifasciste avant la guerre, résistant dès 1940, organisateur militaire, libérateur de Toulouse avec ses camarades.
  • Maurice VOUTEY, décédé le 2 mai 2012, résistant, déporté à Dachau puis dans les camps du Neckar. Secrétaire général de la Fédération nationale des déportés et internés résistants patriotes (FNDIRP).

Merci de rediffuser cet important Appel autour de vous, et notamment auprès des jeunes générations.


Photos inédites prises à la Maison de l'Amérique latine par Luc Douillard, lors de la proclamation de l'Appel, le 8 mars 2004.






























































Texte inédit de Stéphane Hessel confié à Luc Douillard

Texte inédit de Stéphane Hessel confié à Luc Douillard, dans le cadre d'un projet d'actualiser "l'Appel des Résistants aux jeunes générations du 8 mars 2004", en 2009, pour le cinquième anniversaire.

"En réitérant, cinq ans après, l'appel que nous avions adressé aux générations du début du siècle lors du 60ème anniversaire du Conseil national de la Résistance, nous voyons dans la crise qui affecte aujourd'hui le fonctionnement de l'économie mondiale, dans le défi que nous impose la dégradation de la planète, la montée d'une forme nouvelle de terrorisme et l'écart croissant entre les très riches et les très pauvres, une nouvelle raison d'en appeler au message humain et social, aux valeurs permanentes de respect et de solidarité, tels que les implique cet appel.

Il s'adresse désormais aux citoyens de toutes les démocraties, aux femmes et aux hommes responsables de toutes les régions du monde, tous mis en demeure de donner un nouveau sens à l'aventure humaine, tous capables de résister, donc de créer."

mercredi 30 novembre 2016

« J’aime bien citer les noms d’inconnus, comme ça : Luc Douillard. »




« Ils nous ont dit : vous êtes fous ! », 

par François Ruffin, journaliste fondateur de Fakir et cinéaste ("Merci Patron !").

Texte paru d'abord dans le journal Fakir n°62 (septembre - octobre 2013),
puis en ouvrage : "Ils nous ont dit vous êtes fous - Entretien avec mon héros Maurice Kriegel-Valmont, de François Ruffin", Fakir Éditions, 108 pages, 6 euros (+2€ de frais de port)



Lien : http://www.fakirpresse.info/Mon-heros-623



« (…) Attac avait lancé, deux années auparavant, le 8 mars 2004, un « Appel à la commémoration du 60e anniversaire du programme du CNR de 1944 », les Aubrac, Lucie et Raymond, Stéphane Hessel, Georges Séguy, etc., étaient venus déclamer chacun un paragraphe, solennels : « Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre, appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle… »
La salle était quasiment vide, on m’a raconté.
Je n’y étais pas.
Le « CNR », d’ailleurs, je ne savais ce qu’était ce machin, ni même que ça avait existé.


C’est un prof de Nantes, en lycée pro, militant à Attac, qui avait initié cet « Appel » : Luc Douillard.

J’aime bien citer les noms d’inconnus, comme ça : Luc Douillard.
Je l’ai croisé, une fois, plus tard : un gars discret, qui la ramène pas, qui se tient à l’arrière-scène, et qui doit rougir, j’imagine, que je répète son nom comme ça ici : Luc Douillard. Mais si l’histoire avance, quand elle avance, c’est pas (seulement) grâce aux Présidents et aux grands tribuns qui se poussent du coude sur les estrades, mais parce que, devant ou derrière, y a des milliers de Luc Douillard.
Rendons donc hommage aux Luc Douillard.


C’est lui, Luc Douillard, qui l’a semée le premier, la graine autour du « Conseil national de la Résistance ». Depuis, y a tout un revival. Le pèlerinage tous les ans aux Glières, le livre « Les Jours heureux », le film du même nom, « Indignez-vous », etc. Sans Luc Douillard (et sans Sarkozy), y aurait peut-être rien de tout ça.
Sans Luc Douillard, en tout cas, moi je ne récupérais pas un fichier JPG tout propre avec les « Nom / Prénom / Code postal / Adresse / Téléphone » d’une trentaine de résistants. Il m’a livré le paquet ficelé, Luc Douillard. Je n’avais plus qu’à faire mon marché dans cette liste.
Merci, Luc Douillard. (...) »














mardi 22 novembre 2016

Pré-annonce de la seconde Marche-mémoire de la Résistance à Chantenay



Sur les traces de la Résistance à Chantenay




Quotidien Ouest-France du 19/06/2006

Sur une distance d'un kilomètre, Chantenay concentre les signes de son passé résistant. Au cours d'une balade pédestre dans les rues du quartier, l'association Nantes est une fête (Neuf) propose de redécouvrir, mardi 20, de grandes figures locales : Honoré d'Estienne d'Orves, fondateur du réseau Nemrod, avait établi la première liaison radio avec Londres depuis Chantenay. Il sera arrêté à Nantes par la Gestapo quelques jours après, en 1941. Jean-Baptiste Legeay, autre rebelle nantais, fut l'un des premiers à lancer un journal clandestin, intitulé En captivité.
Pas à pas, les comédiens de la troupe Banquet d'avril parcourent en chansons, poèmes, ou lectures les années noires de 1940 à 1944. Symboliquement, cette marche commémorative partira de l'école primaire Alphonse-Braud : « Cet instituteur a été embarqué par la Gestapo sous les yeux de ses élèves », raconte Luc Douillard, l'un des organisateurs de la balade historique. Avant que le temps n'efface tout, il lance un appel à tous les témoins de l'époque, qu'ils aient vécu à Chantenay ou ailleurs en Loire-Atlantique. « Nous voulons réaliser une sorte d'Atlas sentimental de la Résistance à partir de ces souvenirs. »
En attendant l'atlas, rendez-vous mardi à 17 h 30 devant l'école Alphonse-Braud, 34 rue Gutenberg (près de la place Jean-Macé). Balade d'environ 1 h 30. Gratuit.

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lundi 21 novembre 2016

Raymond Aubrac et la Loire-Atlantique


Un collège et une école portent son nom


Quotidien Ouest-France du 12/04/2012

Raymond Aubrac et la Loire-Atlantique

Le 8 mars 2004, le Nantais Luc Douillard, lance l'Appel des résistants « pour défendre le socle des conquêtes sociales de la Libération ». Ce texte est signé notamment par Lucie et Raymond Aubrac, Stéphane Hessel, Lise London et Germaine Tillion.
Le 19 octobre 2007, Raymond Aubrac participe à une veillée à la mémoire des fusillés, devant le monument des Cinquante-Otages à Nantes. Le lendemain, il découvre une plaque à la mémoire de Lucie Aubrac, devant le groupe scolaire de Chantenay auquel le nom de la grande résistante a été donné.
Avril 2010. Raymond Aubrac reçoit pendant deux heures les membres du Collectif du 10 mai, à son domicile parisien. Le grand résistant demande « que les États inscrivent aux programmes scolaires l'étude de la résistance noire aux déportations et à l'esclavage planifiés par le colonialisme au même titre qu'est enseignée la résistance européenne aux déportations et à l'esclavage planifiés par le nazisme. »
Le 8 décembre 2010. Raymond Aubrac inaugure le collège public Lucie-Aubrac de Vertou. Il reçoit, des mains de Patrick Mareschal, la médaille du conseil général.
Les hommages pleuvent
Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, rend hommage « à cet inlassable défenseur des valeurs de justice, de liberté, de solidarité que fut jusqu'au bout Raymond Aubrac. C'est une conscience du XXe siècle qui vient de s'éteindre, exigeante et lucide sur les combats que nous ne devons jamais cesser de mener ». Et de conclure : « Sa vie fut une leçon pour chacun de nous. »
La Fédération de Loire-Atlantique du Parti communiste français rend hommage à ce « grand résistant, infatigable militant de la liberté. Homme chaleureux et attachant, Raymond Aubrac aura marqué l'Histoire de notre pays par son courage et son combat pour la libération de la France et sa reconstruction ».
Le sénateur maire de Saint-Sébastien-sur-Loire, Joël Guerriau, rend hommage « à ce héros de la résistance avec qui des liens d'amitié se sont tissés lors de la décision prise par le conseil municipal de nommer une rue de la commune du nom de son épouse : Lucie Aubrac ». Il salue « le courage et la volonté de cet homme [...]. Grand défenseur de la laïcité, il est resté un militant citoyen très actif, et ce jusqu'à son hospitalisation ».
Philippe Grosvalet, président du conseil général, rend hommage à « ce grand homme qui a consacré sa vie à la résistance et à la transmission d'une mémoire collective. Il arpentait toujours les collèges et lycées à la rencontre de la jeunesse à qui, disait-il avec détermination, il faut absolument redonner espoir ».
Jean-Marc Ayrault : « Sa vie est une leçon pour chacun de nous. »

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