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jeudi 1 décembre 2016

Communiqué de presse : à Nantes, l’État condamné pour un tir de LBD 40


Nantes, le 30 novembre 2016

Le 27 novembre 2007, j'étais très gravement blessé à l’œil par un tir de Lanceur de Balles de Défense – LBD 40 – lors d'une manifestation lycéenne, à l'age de 16 ans. Cela fait 9 ans, presque jour pour jour, que je me bat pour faire reconnaître la dangerosité de cette arme, et que je lutte contre l'impunité policière. 9 ans durant lesquelles les mutilations causées par les armes de la police se sont multipliées. Nous recensons aujourd'hui 44 personnes ayant perdu l'usage d'un œil après avoir été atteintes par des balles en caoutchouc, dont 5 blessés graves à Nantes. Le jugement du Tribunal Administratif de Nantes vient d'être rendu. On peut en retenir trois éléments importants :

1- L’État est condamné et la dangerosité du LBD40 est reconnue par la justice. C'est l'information la plus importante pour aujourd'hui. Lors de l'audience rapporteur public avait très précisément dénoncé le caractère expérimental du LBD 40 le 27 novembre 2007, ainsi que son extrême dangerosité susceptible d'engendrer des mutilations. Les juges ont confirmé cette analyse.

2- En revanche, les juges de Nantes ont décidé de ne pas suivre le rapporteur public en opérant un partage de responsabilité à 50%, comme si les blessés et ceux qui leur ont tiré dessus étaient également responsables de leurs préjudices. C'est la deuxième fois en deux semaines que les juges administratifs de Nantes désavouent le rapporteur public – ce qui, en temps normal, est rarissime. La première fois sur le sujet de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes et aujourd'hui sur la question des armes de la police. Deux sujets regardés avec attention par le pouvoir politique. Concrètement, dans leur jugement, les juges inventent un délit de « non désolidarisation d'une manifestation » en ces termes :
 
« en admettant même que M. Douillard n’ait pas lui- même lancé des projectiles, il résulte de l’instruction qu’il ne s’est pas désolidarisé de l’attroupement [...] alors qu’il aurait dû s’éloigner ; que, dans ces conditions, M. Douillard doit être regardé comme ayant commis une faute à l’origine de son préjudice susceptible d’exonérer partiellement l’Etat de sa responsabilité. »

Il ne s'agit plus de droit mais bien d'une présomption de culpabilité des victimes de violences policières, et de fait, d'une remise en cause extrêmement préoccupante du droit de manifester.

3- Les réparations sont évidemment dérisoires. En 2012, le préfet de Nantes, par courrier confidentiel, me proposait près de 100 000 euros contre un abandon de toutes les poursuites engagées. J'ai refusé cet arrangement, et choisi d'aller au bout des procédures entamées en justice, pour mettre en lumière la dangerosité du LBD40. Aujourd'hui, c'est finalement une somme bien inférieure qui est proposée par le Tribunal Administratif. Dans tous les cas, aucune somme d'argent ne remplace la perte d'un œil. Nous sommes à présent des dizaines de personnes en France à vivre avec des séquelles permanentes causées par la police, à subir ce préjudice jour après jour.
Ce jugement du TA de Nantes tombe dans une période particulière, où la mairie de Nantes a décidé à son tour de doter sa police municipale de Lanceurs de Balles de Défense. Un choix extrêmement grave qui confirme le processus de militarisation de la police et l'escalade sécuritaire observés ces dernières années, au niveau national et local.


Pierre Douillard-Lefevre, avec le soutien de l'Assemblée des blessés 44

samedi 26 novembre 2016

Lettre à madame Simone Veil, à propos de l'état d'urgence (10 janvier 2016)

C'est symboliquement que cette lettre était adressée à madame Simone Veil, alors qu'une copie était adressée personnellement sous forme de pétition à chacun des députés et sénateurs.



Cette semaine de la mi-janvier 2016, l'OBSLAB (Observatoire laboratoire de la démocratie locale) s'est adressé symboliquement à Simone Veil sous la forme d'une lettre-pétition proposée à tous et toutes, afin d'interpeller personnellement l'ensemble des députés et sénateurs français, au moment où repose sur eux la sauvegarde de la démocratie face aux dangers de l'état d'urgence. Ils ont reçu ce courrier dans leurs boites-mail à l'Assemblée nationale et au Sénat.

Luc Douillard, porte-parole de l'OBSLAB


Lettre-publique à Madame Simone Veil, et aux parlementaires français, sur la déchéance de nationalité, l'état d'urgence et le permis de tirer.

Le 15 janvier 2016,

Madame, Monsieur le-la député-e, sénateur, sénatrice,

Nous vous prions de bien vouloir prendre connaissance de la lettre-publique que nous adressons à Madame Simone Veil, en vue des débats parlementaires qui seront consacrés à la déchéance de la nationalité, à la constitutionnalisation de l'état d'urgence et au permis de tirer en dehors de la légitime défense.

Si nous nous adressons symboliquement à Madame Veil alors qu'elle est aujourd'hui retirée de la vie publique en raison de l'âge et de la maladie, c'est parce que son parcours de vie et sa personnalité sont toujours des références actuelles et agissantes, pour tous et toutes.

Ainsi, nous espérons que cet argumentaire pourra nourrir votre réflexion de parlementaire.

Dans cette attente, nous restons à votre disposition et vous prions de recevoir nos salutations distinguées,

Pour la pétition en ligne, Luc Douillard à Nantes

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À Madame Simone Veil
Académie française et Fondation pour la Mémoire de la Shoah
Paris

Le 10 janvier 2016,

Chère Madame Simone Veil,


Nous nous adressons à vous aujourd'hui avec le plus grand respect comme recours, à un moment de l'actualité marqué par les dramatiques attentats terroristes de l'année 2015, et alors que les enjeux politiques sont tellement complexes et brouillés par l'émotion.

Nous vous sollicitons, Madame, en tant qu'interprète des valeurs et des aspirations démocratiques du peuple français, pour deux motifs qui sont également nos hommages personnels :
    - En raison de votre courage politique en 1974 et 1975 pour donner enfin aux femmes françaises le droit au contrôle des naissances,
    - Parce qu'auparavant vos yeux ont vu en face l'horreur du système concentrationnaire nazi et de la Shoah, tragédie incomparable que vous avez vécue dans votre chair, et face à laquelle l'humanité sait désormais qu'elle est capable du pire comme du meilleur, et qu'elle devra rester éternellement vigilante.
Nous vous demandons d'appeler à ne pas approuver une modification de la Constitution républicaine qui serait indigne du peuple français et contraire aux principes des Droits de l'Homme, même sous prétexte d'urgence terroriste.

Lorsque le président précédent monsieur Sarkozy avait souhaité modifier le préambule de la Constitution, qui résume le pacte républicain de la vie commune en France, proclamé en 1789, enrichi et scellé par le sacrifice des Résistants, nous savons que vous aviez alors fait part de votre réserve ou de votre désapprobation.

Aujourd'hui en cette période trouble, le président Hollande semble souhaiter satisfaire certains voeux de l'extrême droite xénophobe et raciste, pour des motifs qui lui appartiennent.

Nous vous demandons, madame Simone Veil, de faire savoir par avance à l'opinion publique et à tous les parlementaires, s'ils étaient réunis en discussion de projet de loi ou en congrès constitutionnel,

1 – Qu'il serait indigne de créer une contradiction insurmontable dans la Loi fondamentale en réaffirmant l'Égalité devant la loi, tout en créant deux catégories de Français selon leur origine binationale ou mono-nationale, dont l'une pourrait être déchue plus facilement de son droit de citoyenneté, comme les juifs naturalisés, après 1940.

2 – Que le débat nécessaire sur la déchéance de nationalité ne doit pas masquer d'autres enjeux tout aussi importants, à savoir notamment qu'il serait inacceptable que la lutte nécessaire contre le terrorisme soit instrumentalisée et déconsidérée, en assignant à résidence avec privation de liberté, sans raison sécuritaire efficiente, et sans l'avis préalable d'un magistrat indépendant examinant au fond les motifs allégués, des personnes françaises, suspectées parce que d'origine étrangère, ou bien parce que militantes de causes écologiques, associatives, sociales ou syndicales, n'ayant évidemment aucun rapport avec le terrorisme idéologique homicide.
Ces personnes doivent normalement être tenues responsables de tous leurs actes devant la justice de droit commun qui dispose déjà de moyens considérables, mais sans y ajouter des lois d'exceptions odieuses et inefficaces, sinon contre-productives.

3 – Qu'il est urgent de s'opposer à la récente suggestion du Premier ministre qui proposait de légaliser, au nom de l'antiterrorisme, les tirs homicides policiers même en dehors d'un contexte strict de légitime défense, ce qui revient à légitimer le permis de tuer et les exécutions sommaires et assassinats ciblés, occasions évidentes de graves dérives.
À cet égard, nous comptons sur vous, madame Veil, pour rappeler solennellement que les proches des enfants juifs tués par Mohamed Merah à Toulouse, et ses autres victimes, que les proches des tués de Charlie-Hebdo et du magasin Hyper Cacher, que ceux des tués du Bataclan et du 13 novembre dernier, ont tous un besoin vital de justice et de vérité, mais non de vengeance mimétique.
La police française ne doit pas venir au secours des tueurs terroristes en leur épargnant le pire des châtiments, celui qu'ils redoutent le plus : être arrêtés vivants, pour répondre de leurs actes devant la justice.
De ce point de vue, l'armement de la police française est actuellement clairement inadapté : dans le domaine du maintien de l'ordre ordinaire, il faut bannir l'emploi des fusils lanceurs de balles en caoutchouc à longue portée avec visée laser, inauguré depuis une dizaine d'années, car il est un facteur de graves cruautés inutiles et d'infirmités corporelles permanentes perpétrées sur des personnes innocentes, alors qu'au contraire cette arme serait d'un emploi judicieux pour neutraliser les forcenés et pour arrêter vivants les tueurs terroristes, afin qu'ils soient un contre-exemple devant leurs admirateurs potentiels et qu'ils soient obligés de révéler à leurs victimes et à la société quels sont exactement leurs motivations, leurs entraînements psycho-sociaux, leurs complices, leurs filières, leurs chefs commanditaires et leurs donneurs d'ordre financiers. Car on ne peut sous-estimer l'enjeu d'arrêter vivants les terroristes pour les juger, sans leur faire le cadeau du « martyre » qu'ils réclament.


Confiant et attentif dans votre sagesse, tous très divers dans nos opinions politiques, nous nous réunissons tous ensemble devant vous, Madame Veil,
pour vous demander de prendre position fermement face à ces trois questions urgentes, avec les formes qui vous conviendront, et nous vous assurons par avance de notre respect et de notre haute considération.

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Pétition en ligne consultable ici :


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Lettre à madame Taubira, Garde des sceaux demandant une enquête judiciaire indépendante pour chaque cas d'infirmité provoquée par la police (8 mai 2015)





mardi 22 novembre 2016

Deuxième parcours-mémoire du mouvement ouvrier nantais, le 21 février 2016 : plan-itinéraire et programme








Lycéen blessé à la manif : la plainte des parents



Lycéen blessé à la manif : la plainte des parents







Quotidien Ouest-France du 07/12/2007

Un garçon de 17 ans a été blessé lors d'affrontements entre la police et des étudiants et lycéens, la semaine dernière. Ses parents ont déposé plainte.
Pierre Douillard, 17 ans, est blessé à l'oeil. Il participait, le mardi 27 novembre, à une manifestation rassemblant étudiants et lycéens. Il a été blessé, lors d'affrontements avec la police dans le parc du rectorat. Ses parents ont déposé plainte, hier, auprès de la procureure de la République, « pour violences volontaires avec arme ».
« On n'accuse personne, disent les parents, Luc Douillard et Emmanuelle Lefèvre. Mais notre fils est parti à une manifestation en bonne santé, il revient mutilé. Il s'est passé quelque chose. On veut comprendre. Savoir qui a tiré et si la visée au visage était intentionnelle. » Leur fils a passé quatre jours à l'hôpital. « Le pronostic reste réservé, précise sa maman. Il y a un oedème qui empêche de voir la rétine. Mais, de toute façon, elle est abîmée. Les médecins estiment qu'il y a eu un choc extrêmement violent. » Leur fils dit avoir vu un agent cagoulé, armé d'un flashball jaune. « On veut savoir pourquoi il était cagoulé », insiste Emmanuelle Lefèvre.
Une enquête a été confiée à l'inspection générale de la police (IGPN) afin de vérifier si les policiers ont commis, ou non, des violences. De leur côté, les parents recueillent aussi des témoignages. Ils veulent comprendre comment une manifestation pacifique a pu s'achever ainsi.
Yasmine TIGOÉ.
Les témoignages à adresser aux parents de Pierre Douillard sont à envoyer à vingtsept.novembre@laposte.net.

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Après les tirs au flashball de Montreuil en juillet 2009



Flash-ball : déjà en 2007 à Nantes...




Quotidien Ouest-France du 16/07/2009

L'homme blessé à Montreuil le 8 juillet n'est pas le premier. Le père d'une victime témoigne. Il déplore que l'enquête piétine.
« Je suis catastrophé pour le jeune homme de Montreuil (qui a perdu un oeil), mais ça va permettre une prise de conscience », commente Luc Douillard. En 2007, son fils avait été touché à l'oeil par une balle en caoutchouc, lors d'une manifestation anti-CPE devant le rectorat de Nantes. Il avait 16 ans. Après deux opérations, le garçon, désormais étudiant en fac d'histoire, n'a plus que deux dixièmes d'acuité visuelle quand il regarde sur le côté.
Tirs au visage interdits
À l'époque, le flash-ball était encore en phase d'expérimentation. Pour Luc Douillard, la hiérarchie policière est responsable : « Expérimenter des armes in vivo sur des jeunes, c'est inhumain ! ». Depuis, il se bat contre l'utilisation du flash-ball, soutenu par Amnesty International : « Dans une manifestation, ça ne sert à rien pour maîtriser une foule. Pour ça, il faut utiliser des lacrymos ».
Cinq personnes ont été blessées à la tête par des flash-balls, en 2009, alors que les tirs au visage sont interdits. Luc Douillard a pris contact avec l'étudiant toulousain blessé en mars. Son but : regrouper les dossiers des victimes. « Il est inadmissible que la police continue à mutiler impunément, alors qu'une enquête judiciaire est en cours », déplorent les parents Douillard. Presque deux ans après les faits, ils attendent toujours les conclusions de l'information judiciaire.
Jean-Pierre Brard, député PCF de Seine-Saint-Denis, a réclamé, hier, le retrait des flash-balls. Lundi, 300 personnes avaient manifesté, dans ce sens, à Montreuil.
Le flash-ball est utilisé par les Bac (Brigades anti-criminalité), les GIPN (Groupes d'intervention de la police nationale) et le Raid (Recherche assistance intervention dissuasion).

Tâm MELACCA-NGUYEN.

Après les manifestations anti-aéroport. Débat sur les répressions



Après les manifestations anti-aéroport. Débat sur les répressions




ouest-france.fr du 04T12:53:24/02/2015

Laurence  Blisson, secrétaire générale du syndicat de la magistrature et Michel Tubiana, président d'honneur de la ligue des droits de l'homme sont attendus ce mercredi à la Chapelle-sur-Erdre. Ils participeront à un débat organisé par la coordination des opposants à Notre-Dame-des-Landes. Le Nantais Luc Douillard est également annoncé à la table ronde.
Il s'agit de réfléchir sur les formes particulières de répression enregistrées dans le cadre de luttes comme celle contre le projet d'aéroport. " La problématique sous-jacente aux luttes environnementales actuelles est de devoir subir la répression policière et judiciaire. En sont-elles un champ d'expérimentation ? Comment s'articulent dans ce contexte le respect des libertés individuelles, la protection des citoyens et les mesures de répression ?" interrogent les organisateurs.
 Ce mercredi 4 février, 20 h 30, salle Jean-Jaurès de la Chapelle-sur-Erdre.
Des personnalités nationales sont attendues à la table ronde organisée par la coordination des opposants à Notre-Dame-des-Landes
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Les grenades interdites, pas les flashballs


Les grenades interdites, pas les flashballs




Quotidien Ouest-France du 15/11/2014

Bernard Cazeneuve a annoncé la suppression des grenades offensives dans les opérations de maintien de l'ordre. Et le flashball ? À Nantes, ses détracteurs en demandent le retrait.
Entre le 16 octobre 2012 et le 15 avril 2013, 104 grenades offensives ont été lancées contre les zadistes, lors de l'évacuation des squats et des premières opérations de maintien de l'ordre sur l'emprise du futur aéroport à Notre-Dame-des-Landes. C'est ce que révèle le rapport rendu public, hier, par Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur. Ce rapport, relatif à l'emploi des munitions en opérations de maintien de l'ordre, avait été commandé immédiatement après la mort de Rémi Fraisse, l'étudiant tué sur le site du barrage de Sivens, le 26 octobre dernier, par une grenade lancée par un gendarme. Seuls les militaires avaient le droit d'utiliser ces grenades offensives.
À l'époque, de violents affrontements avaient eu lieu sur la Zad (la Zone d'aménagement différé a été rebaptisée Zone à défendre par les opposants à la construction de l'aéroport), faisant suite à l'installation de militants, qui occupaient des fermes et avaient construit des cabanes dans les arbres.
Offensive stoppée depuis, en attendant que tous les recours juridiques soient épuisés. Ces violents affrontements n'ont pas conduit à la mort d'un homme, contrairement à ce qui s'est passé à Sivens, dans leTarn. Le rapport indique : « Dommages : Néant ».
Tir de flashball
Le rapport évoque les lanceurs de balles de défense, mais ne détaille pas quelle en a été l'utilisation à Nantes. Il n'est pas fait mention de manifestants blessés par lanceur de balles de défense (ou flashball). Le rapport fait état, en revanche, d'un manifestant blessé par une grenade à main de désencerclement lors de la manifestation du 22 février contre l'aéroport qui a gravement dégénéré dans le centre-ville. « Une énucléation dont la cause n'est cependant pas totalement établie à ce jour. ».
Quentin Torselli, Damien Tessier et Emmanuel Derrien ont, tous les trois, été blessés à l'oeil lors de cette manifestation. Ils ont déposé plainte et n'ont pas de nouvelles de l'enquête. Quentin Torselli, 29 ans, a perdu l'usage de son oeil gauche. Il vit avec une prothèse en verre. Lorsque Quentin a été blessé, une grenade assourdissante venait d'être lancée en même temps que le tir de flashball dont il a été victime. Pour sa mère, pas de doute : « C'est un tir de flashball. » Celle qui milite pour que cette arme soit retirée regrette que le ministre « n'ait pas évoqué le sujet ». « Quentin n'avait pas l'impression d'être en danger. C'est ce qui le sidère le plus. »
L'Observatoire laboratoire de la démocratie locale en pays nantais (Obslab) considère que laisser les flashballs en circulation est « une façon de laisser se développer un problème de société et de santé publique ». Pour Luc Douillard, un des fondateurs de l'observatoire, père d'un adolescent blessé par un tir de flashball, « c'est un problème criant dans la ville de Nantes, capitale européenne du LBD (lanceur de balle de défense) ». Cet observatoire militant a recensé cinq jeunes « rendus infirmes à vie depuis 2007 par un flashball » à Nantes. Pierre, Quentin, Damien, Emmanuel et Davy, ont, selon eux, été blessés par un tir de flashball. « Il faut interdire cette arme qui provoque plus de désordre qu'elle n'en résout », insiste Luc Douillard, de l'Obslab. « Ça va finir par tuer. »
Les lanceurs de 40 sont plus puissants et plus précis que les flashballs. Ce sont des armes qui tirent des balles en caoutchouc. « L'usage généralisé des lanceurs de balles de défense qui ont éborgné tant de personnes dans les manifestations et quartiers populaires est déjà un scandale visant à instaurer un climat de terreur », dénonce, de son côté, la Confédération nationale du travail, dans un communiqué adressé, hier, et rendant hommage à Rémi Fraisse.
L'autre combat de l'Observatoire de la démocratie locale est le problème de « l'éducation des forces de l'ordre ». Parmi les treize préconisations du rapport remis, jeudi, au ministre figure notamment « la volonté de soumettre la force publique à une formation spécifique comprenant une information et une sensibilisation sur les effets ».
Le rapport ne fait pas état de blessé par des lanceurs de balles de défense lors des violents affrontements dans le centre de Nantes, le 22 février dernier. En revanche, il évoque le cas d'un manifestant touché par une grenade à main de désencerclement.

Vanessa RIPOCHE.

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lundi 21 novembre 2016

Après la blessure du lycéen nantais blessé par un flash-ball, une manifestation le samedi matin



Lycéens et étudiants, le calme après la tempête




Dimanche Ouest-France du 02/12/2007

Hier matin, environ 700 personnes se sont rassemblées silencieusement. Pour « dénoncer la violence policière » de mardi dernier lors de la manifestation au Rectorat.
A quelques mètres d'eux, place Bretagne, des pavés en tas sur des palettes, ils n'y toucheront pas. Y ont-ils au moins pensé, ces lycéens et étudiants rassemblés en ce samedi matin pour « dénoncer les répressions policières » ? Ils semblent si sages...
Eux, ce qu'ils veulent aujourd'hui, c'est simplement « marcher silencieusement » dans les rues de Nantes. Et qu'importe si certains, quelques jeunes de la mouvance d'extrême gauche, persiflent leur action.
Ils restent droit dans leurs bottes. Comme Sébastien, grand corps et petite voix, « pas syndiqué », qui lance du haut des marches de la tour Bretagne : « Aucun geste violent pendant la manif. Et si on voit des CRS, pas d'injures. Si quelqu'un en insulte, on s'écarte de lui, on le laisse tout seul ». Le calme, donc, après la tempête de mardi.
Mardi, ce jour gris de manif contre la loi Pécresse où les forces de l'ordre ont chargé, ils en parlent et reparlent. C'était au rectorat de Nantes. « On était pacifiques, racontent-ils. On jonglait, on discutait entre nous, certains jouaient de la cornemuse. Et puis, finalement trois blessés parmi nous ». Dont Pierre, un oeil sérieusement cabossé « par un tir de flash ball ».
Le père de Pierre, présent parmi les 700 manifestants (600 selon la police), cite Hugo : « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent. » Le père de Pierre disant encore : « Il va sortir de l'hôpital aujourd'hui. Mais les médecins sont pessimistes : l'ophtalmo a dit quatre fois à ma femme : « c'est très grave ». Il va sans doute avoir besoin d'opération chirurgicales ». Autour, on fait la moue. « Ça aurait pu être moi », glisse un lycéen.
Thibault, 17 ans en terminale à Clémenceau, répète : « Ce qui m'a choqué, je l'ai dit à ma mère, c'est cette image : des policiers qui tirent des jeunes, les mettent à terre, et les tapent. Ça, ça me reste dans la tête. » Il ne comprend toujours pas cette violence. Pas plus que Simon, son pote, qui se refuse malgré tout à « mettre tous les CRS dans le même panier » : « Y'a ceux qui sont calmes et les autres ».
Surprenants lycéens et étudiants qui, aux « CRS-SS » de leurs aïeuls et congénères, préfèrent ce brin d'analyse : « Ils reçoivent des ordres et les appliquent. On n'a rien contre eux. » Christian, vieux de la vieille du ministère de la Justice, grommelle : « Les CRS se sentent légitimés dans leur violence. Utiliser des flash-ball contre des gamins, ça m'inquiète. »
Jean-François MARTIN.
Coordination nationale à Nantes. Environ 200 étudiants venus de toute la France, mandatés par leur assemblée générale, se retrouvent ce week-end à Nantes. Entres autres objectifs : « Réfléchir aux perspectives de lutte et aux moyens d'action ». « Pour nous, ce n'est pas du tout la fin du mouvement », assurent ces étudiants nantais.
Hier matin, place Bretagne. Luc Douillard donne des nouvelles de son fils Pierre blessé mardi lors de la manifestation au rectorat. Devant lui, étudiants et lycéens mais aussi parents et syndicalistes.

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Au lendemain de la mutilation du jeune Pierre survenue par un tir de flashball le 27 novembre 2007. La préfecture assure que ce n'est pas grave.


Manif étudiante : un père réclame une enquête




Quotidien Ouest-France du 29/11/2007

Le père d'un des jeunes garçons blessés à Nantes, mardi, lors des affrontements avec les forces de l'ordre a été reçu au rectorat hier. Il demande une enquête.
Luc Douillard, le père d'un des jeunes hommes blessés mardi, n'est pas franchement convaincu par sa rencontre avec le recteur. Plutôt déçu, même. « Nous voulons savoir, dit-il, quel a été l'enchaînement des faits qui peut conduire la police à viser au visage, avec un flashball, un lycéen désarmé qui n'a même pas 17 ans, alors que son groupe de manifestants s'était retiré du rectorat et se trouvait sur la voie publique. » Luc Douillard a fait deux demandes au recteur Paul Desneuf : qu'il s'associe à sa demande d'enquête sur les faits de mardi. Et qu'il réclame publiquement que la police fasse preuve de retenue quand il s'agit de mineurs. « Il m'a répondu qu'il n'avait pas besoin de s'associer à notre demande d'enquête, car il s'est déjà entretenu avec le préfet. Il m'a répondu aussi qu'il approuvait le comportement des policiers, qu'il avait des bâtiments et un personnel à protéger. »
Ils étaient un millier, mardi, lycéens et étudiants, à avoir investi, en cassant un grillage, le parc du rectorat. Les forces de l'ordre, les ont fait sortir sans ménagements. Lors de l'affrontement, le fils de Paul Douillard, 17 ans, élève au lycée Guist'hau à Nantes, a été blessé à l'oeil. Il est actuellement hospitalisé au CHU, et souffre d'érosion cornéenne et d'une déchirure de l'iris. « Ce matin, le chef de clinique ophtalmologique nous a dit qu'il risquait de perdre de la vision », précisent ses parents.
La préfecture, elle, assure, que « d'après les informations qu'on a recueillies auprès du CHU, les éléments médicaux ne sont pas de nature à laisser présager une évolution défavorable de la vision de ce jeune homme. »
Beaucoup s'étonnent que les policiers aient tiré des coups de flashball sur les jeunes. « Il y a eu, à l'extérieur du rectorat, des jets de pierres de la part des manifestants, dit Michel Vilbois, directeur de cabinet du préfet. D'où l'utilisation du flasball par un policier. Ce n'est pas interdit. » Mineurs ou pas ne change rien à l'affaire, pour la préfecture. « Jeunes ou pas, ils sont manifestants. Ce qui s'est passé, c'est une intrusion en force. À partir du moment où ils entrent en utilisant la force, ils se mettent en situation irrégulière. Et ils n'ont pas obéi à la sommation des forces de l'ordre qui leur demandait de sortir. » Les étudiants eux, parlent de manifestation pacifique. Et ne comprennent pas. « Nous ne sommes pas des criminels », disent-ils.
Yasmine TIGOÉ.
Une nouvelle manifestation est prévue aujourd'hui, à 15 h, place Bretagne, à Nantes.

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Manif du 22 février 2014 : prime aux policiers


Manif du 22 février : prime aux policiers




Quotidien Ouest-France du 17/06/2014

Réclamée par les syndicats, elle sera attribuée aux fonctionnaires engagés lors de la manif anti-aéroport, à Nantes.
Le patron de la police de Loire-Atlantique l'a annoncé aux fonctionnaires il y a quelques jours : une « prime pour résultats exceptionnels » devrait être versée aux policiers qui ont participé au maintien de l'ordre lors de la manifestation anti-aéroport, à Nantes, le 22 février. « Le principe est acté, le dossier est à l'étude à la direction générale de la Police nationale », précise Jean-Christophe Bertrand, directeur départemental de la sécurité publique. Selon lui, la démarche est justifiée par « le nombre de policiers blessés et les violences auxquelles le personnel a été confronté pendant plus de six heures ».
Cette rémunération exceptionnelle, dont on ne connaît pas encore le montant, était réclamée par les syndicats. « On a pu voir à quel point cette manifestation était hors normes et comment les collègues ont fait face, avec beaucoup de professionnalisme, à des risques importants », explique Thierry Spitz, du syndicat Alliance, qui a recensé le nombre de policiers engagés le 22 février. Soit 1 255 fonctionnaires, dont des CRS, des agents de la Police de l'air et des frontières, des policiers venus de l'extérieur du département. « Les collègues ont été pris dans une vraie guérilla urbaine, défend Stéphane Léonard, du syndicat SGP police-FO. Neuf sont encore en soins. Un collègue est en cours d'appareillage auditif. En tout, 125 jours d'arrêt maladie ont été enregistrés. »
Les militants anti-aéroport grincent des dents. Ils considèrent cette récompense comme « une provocation faite aux manifestants blessés et aux Nantais stupéfaits par les destructions dans le centre-ville », dénonce Luc Douillard, de l'Observatoire-laboratoire de la démocratie locale. « Ce n'est pas une performance que d'avoir laissé faire ça. »
Chaque année, une enveloppe nationale est dégagée pour les interventions policières sur des événements exceptionnels. Une telle prime vient d'être réclamée pour les policiers qui ont participé aux commémorations du Jour J en Normandie.
Isabelle LABARRE.




dimanche 13 novembre 2016

Article de Ouest-France sur les blessés par la police lors de la manifestation anti-aéroport du 22 février 2014

Ouest-France 17 avril 2014

Affiche info-TAN à propos du trafic le samedi 22 février 2014


Lettre du sénateur François Autain au Ministre de l'Intérieur, à propos de l'enfermement illégal des 500 postes.



Photos-souvenirs et documents sur l'enferment illégal du 8 mars 2002



Ouest-France, 23 février 2003
 Photo montrant l'encerclement policier strict empêchant les manifestants non-violents (pour la plupart des femmes, en cette journée du 8 mars) de se fournir en boissons ou même d'accéder aux toilettes du café situé au coin de la rue.
 Presse-Océan, 6 avril 2003
Communiqué intersyndical diffusé le soir même du 8 mars 2002

Formulaire officiel de dépôt de déclaration de la manifestation nantaise à Paris du 8 mars 2002

Ce formulaire prouve que la manifestation était dûment déclarée et autorisée et que donc le gouvernement et la Préfecture de police de Paris ont violé la loi en enfermant ("nassant") durant plusieurs heures les participants sans motif d'ordre public, dans des conditions portant atteinte à la dignité humaine.


Parution d'une annonce commémorative dans le carnet du journal Libération à l'occasion des dix ans de l'enfermement policier des "500 postes"