mercredi 30 novembre 2016

« J’aime bien citer les noms d’inconnus, comme ça : Luc Douillard. »




« Ils nous ont dit : vous êtes fous ! », 

par François Ruffin, journaliste fondateur de Fakir et cinéaste ("Merci Patron !").

Texte paru d'abord dans le journal Fakir n°62 (septembre - octobre 2013),
puis en ouvrage : "Ils nous ont dit vous êtes fous - Entretien avec mon héros Maurice Kriegel-Valmont, de François Ruffin", Fakir Éditions, 108 pages, 6 euros (+2€ de frais de port)



Lien : http://www.fakirpresse.info/Mon-heros-623



« (…) Attac avait lancé, deux années auparavant, le 8 mars 2004, un « Appel à la commémoration du 60e anniversaire du programme du CNR de 1944 », les Aubrac, Lucie et Raymond, Stéphane Hessel, Georges Séguy, etc., étaient venus déclamer chacun un paragraphe, solennels : « Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre, appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle… »
La salle était quasiment vide, on m’a raconté.
Je n’y étais pas.
Le « CNR », d’ailleurs, je ne savais ce qu’était ce machin, ni même que ça avait existé.


C’est un prof de Nantes, en lycée pro, militant à Attac, qui avait initié cet « Appel » : Luc Douillard.

J’aime bien citer les noms d’inconnus, comme ça : Luc Douillard.
Je l’ai croisé, une fois, plus tard : un gars discret, qui la ramène pas, qui se tient à l’arrière-scène, et qui doit rougir, j’imagine, que je répète son nom comme ça ici : Luc Douillard. Mais si l’histoire avance, quand elle avance, c’est pas (seulement) grâce aux Présidents et aux grands tribuns qui se poussent du coude sur les estrades, mais parce que, devant ou derrière, y a des milliers de Luc Douillard.
Rendons donc hommage aux Luc Douillard.


C’est lui, Luc Douillard, qui l’a semée le premier, la graine autour du « Conseil national de la Résistance ». Depuis, y a tout un revival. Le pèlerinage tous les ans aux Glières, le livre « Les Jours heureux », le film du même nom, « Indignez-vous », etc. Sans Luc Douillard (et sans Sarkozy), y aurait peut-être rien de tout ça.
Sans Luc Douillard, en tout cas, moi je ne récupérais pas un fichier JPG tout propre avec les « Nom / Prénom / Code postal / Adresse / Téléphone » d’une trentaine de résistants. Il m’a livré le paquet ficelé, Luc Douillard. Je n’avais plus qu’à faire mon marché dans cette liste.
Merci, Luc Douillard. (...) »