La
place du Bouffay avait un petit air de Tour de Babel, samedi. Sur une
centaine de langues parlées à Nantes, cinquante étaient
représentées. Un véritable espace cosmopolite pour un second
festival, placé sous le signe de l'entente entre toutes les
communautés.Faire le tour du monde en l'espace de cinq heures, un
pari qui, samedi, était possible. Sur la place du Bouffay, entre 14
h et 19 h, je, tu, nous se sont conjugués dans toutes les langues,
en araméen, gallo, bamiléké ou dari, le persan d'Afghanistan. Un
festival des langues et des communautés implantées à Nantes, qui
se sont harmonieusement mélangées. Contrairement au récit de la
Genèse, Dieu n'avait pas envie de semer la discorde, cet après-midi.
Entre les stands et les nombreuses animations, difficile de ne pas se
prêter au jeu. Ecrire son nom en idéogrammes chinois, converser en
grec, chanter en occitan, autant d'activités auxquelles se sont
livrés les passants. Réservés, d'abord ; enthousiastes après un
petit entraînement. Nantes, où une centaine de langues sont
parlées, est la seconde ville, après Toulouse, à accueillir ce
type de manifestation. Un festival que les organisateurs ont souhaité
le plus libre possible. ' Chaque représentant pouvait organiser son
stand et ses animations comme il le voulait. Il n'y avait qu'une
condition à respecter : que cette fête ne soit prétexte à aucun
intérêt mercantile ', souligne Luc Douillard, de l'association
Nantes est une fête. Calligraphies et cuisines du monde Une
condition plutôt bien respectée. Pas d'artisanat à acheter ni
d'adhésion aux associations à souscrire. Simplement des mets
typiques à découvrir, des livres à feuilleter, de la musique et
des fables de La Fontaine, déclinées dans toutes les langues, à
écouter. Curiosité et cosmopolitisme étaient les maîtres mots.
Une invitation au voyage dans sa propre ville. ' On n'en n'estime pas
forcément la richesse linguistique. Notre objectif était d'amener
les gens à une véritable exploration linguistique et sociologique.
Nous espérons passer aussi un message contre le racisme et
l'intolérance. ' Un tour du monde sur une planète réduite à
l'échelle de la place du Bouffay, qui n'aura sûrement pas permis de
maîtriser parfaitement le tamasheq, la langue des Touareg,
l'araméen, cette langue ancienne du Moyen-Orient, ou l'hindi, parlé
en Inde. En revanche, l'envie de s'évader en aura pris plus d'un.
Solenn PAULIC.Les langues, patrimoine précieux et étonnant, ont été
le prétexte samedi à une grande fête, où l'on a parlé mais aussi
mangé, comme ici, sur le stand de la langue thaï.
=
= =