dimanche 13 novembre 2016

Deuxième marche de mémoire de la Résistance dans le quartier de Chantenay à Nantes, le 20 juin 2006 (Ouest-France)

Compte rendu dans Ouest-France du 22 juin.


À Chantenay, dans les pas des résistants




Quotidien Ouest-France du 22/06/2006

Une école, une villa, un collège, des lieux de mémoire. Un itinéraire, et bientôt une pièce de théâtre, rappellent l'histoire de ces hommes engagés.

20 juin 1942 : Anne Frank, adolescente juive, écrit son journal. Début des crimes antisémites de Maurice Papon. 20 juin 1943 : entrevue de Lucie et Raymond Aubrac avec Jean Moulin, à la veille de son arrestation. 20 juin 1944 : assassinat de Jean Zay, ministre du Front populaire, par la milice de Vichy. 20 juin 2006 : des enfants nantais entonnent Le Chant des partisans devant l'école Alphonse-Braud, à Chantenay, baptisée en hommage à cet instituteur communiste arrêté par la Gestapo.
Dans le public, Eugène Le Martelot, 80 ans, murmure les couplets de l'hymne écrit en 1943 à Londres par Maurice Druon et Joseph Kessel. « Je suis du quartier. Le 19 juin 1941, deux motards allemands sont arrivés rue de Bougainville. » Apprenti, il soudait « des genres de pin's en forme de croix de Lorraine avec des pièces de 25 centimes ». Chez M. Marchal, un ami de ses parents qui habitait rue de la Brianderie, il allait écouter Radio Londres. Plus tard, ici ou au maquis Saint-Marcel dans le Morbihan, il résistera. Avec lui, mardi soir, une cinquantaine de personnes ont suivi à pied l'association « Nantes est une fête » et les comédiens de Banquet d'avril à travers cette deuxième marche commémorative.
Un spectacle itinérant en 2007
Le cortège s'arrête rue du Bois-Haligan, devant la villa Ty Brao, où le comte d'Estienne d'Orves est parvenu à établir la première liaison radio entre la France libre à Londres et la résistance intérieure, reprend Le Chant des cerises face à la maison familiale d'Auguste Chauvin, ouvrier chantenaysien fusillé. Plus loin, la Caisse primaire d'assurance maladie rappelle le programme social du Conseil national de la résistance. À chaque étape, les artistes égrènent les mots tendres d'un amoureux à sa fiancée, les dernières paroles d'emprisonnés, des preuves qui décrivent l'horreur de la guerre.
Ces sites, « témoignages charnels du courage » de ces hommes, disent l'histoire.
Celle que les organisateurs de ces parcours éducatifs veulent transmettre aux jeunes générations. « Je m'aperçois qu'on peut arriver à motiver des adolescents sur ce sujet s'ils rencontrent des témoins », note Luc Douillard, président de « Nantes est une fête », professeur au lycée Jules-Michelet. Dans cet esprit civique se déroulera, en 2007, une troisième marche.
Ces « promenades » marquent peut-être les prémices « d'un projet national, pédagogique sur la résistance en France », espéré par l'enseignant. Assurément, un spectacle sera présenté en septembre 2007 par la troupe Banquet d'avril qui jusque-là s'est impliquée bénévolement. « Nous avons l'idée d'une mise en scène plus élaborée, avec d'autres haltes à trouver. Nous voulons aller sur ces lieux sans le protocole, en nous appropriant l'histoire comme des grands, en tant que citoyens. Ces promenades partagées, je trouve ça beau et ça revivifie le vivre ensemble », confie Monique Hervouet, directrice artistique.
En Loire-Inférieure, 1 100 personnes ont été fusillées ou sont mortes au combat. 1 200 personnes ont été déportées, seulement la moitié sont revenues. Lors de la Seconde guerre mondiale, 300 Juifs vivaient dans le département, tous ont été tués. La lutte continue.
Magali GRANDET.
Luc Douillard et la troupe Banquet d'avril recherchent des témoignages sur la résistance à Chantenay et dans le département.
Contact :
luc.douillard@libertysurf.fr. Tél. 02 40 46 XX XX

Devant l'école Alphonse-Braud, Jonas a récité de mémoire la dernière lettre du jeune Guy Môcquet à sa famille, avant d'être fusillé.