mardi 22 novembre 2016

Lycéens cherchent témoins des bombardements (2009)


 

Lycéens cherchent témoins des bombardements



Quotidien Ouest-France du 11/09/2009

Le 16 septembre 1943, les bombes tombent sur Nantes. Pour un documentaire, des lycéens de Michelet invitent les survivants des bombardements nantais à témoigner.
« Où étiez-vous le 16 septembre 1943, à 16 h ? » Cette question, des lycéens de Michelet vont la poser aux Nantais qui ont vécu la guerre et les bombardements de Nantes. Ces témoignages seront utilisés pour la réalisation d'un documentaire du cinéaste nantais François Gauducheau, destiné aux chaînes nationales.
Et au lycée, ce projet, fil conducteur de l'année, va croiser différentes disciplines. Le français et l'histoire, bien sûr, mais aussi le travail manuel en atelier. Il est prévu, par exemple, que les lycéens fabriquent, en atelier plomberie, des bornes interactives relatant des épisodes de la guerre, dans des lieux bombardés de Nantes.
Pas la première fois que le lycée professionnel Michelet se penche sur cette période de l'histoire. En 2003, déjà, Luc Douillard, professeur à l'origine de cette initiative, avait amené ses élèves de BEP plomberie à récolter les témoignages de survivants des bombardements. Une rencontre émouvante, sur les lieux du drame, avait réuni les jeunes et plus de deux cents anciens. Le projet avait également abouti à la publication de deux ouvrages.
Le prof de français et d'histoire-géo récidive cette année avec d'autres élèves en BEP plomberie et CAP peinture et revêtement. Mercredi, ils invitent les Nantais qui ont vécu cette journée du 16 septembre 1943 à les rencontrer à l'espace Cosmopolis.
« Il y a urgence »
« On a contacté les personnes qui avaient témoigné il y a six ans, explique Luc Douillard. Mais certaines des lettres nous reviennent. Des personnes sont décédées. D'autres, aujourd'hui très âgées, ne peuvent plus se déplacer. » « On est la dernière génération qui peut encore rencontrer les témoins de cette guerre, ajoute Siff-Eddine, 17 ans, élève en BEP plomberie. Il y a urgence. »
En 2003, ce sont surtout des jeunes adultes en 1943 qui avaient témoigné. « Là, on fait aussi appel aux enfants et ados de l'époque, précise Luc Douillard. Et on leur demande de venir avec un objet souvenir. » L'appel à témoignages s'étend aussi aux Nantais d'adoption, réfugiés de guerre, venus de Tchétchénie, d'Irak, de Palestine...
Une quarantaine d'élèves participent à l'aventure. Avec enthousiasme. « Lire des documents sur cette période, c'est bien, affirme Siff-Eddine. Mais rencontrer les gens qui l'ont vécu, c'est nettement plus vivant. » « Ça peut aussi faire du bien aux personnes âgées de raconter ce qu'ils ont vécu, souligne Matthew, 16 ans. L'occasion, pour certains, de dire des choses dont ils n'ont jamais parlé. »
« C'est l'histoire de notre ville, disent aussi Anaïs, Ruddy et Hantz. Forcément, ça nous intéresse. » Les photos de Nantes après les bombes, les ont interpellés. « La place de la Fnac, éventrée. Un cheval mort, place du commerce. Des trous de bombes là où il y a la médiathèque... »
Ils attendent avec impatience l'échange de mercredi et prennent leur rôle de « passeurs de mémoires » avec sérieux. Et fierté. « Souvent quand on dit qu'on est à Michelet, ça rigole. Ce projet, il est utile pour tout le monde. Et il est valorisant. »

Yasmine TIGOÉ.

Les témoins des bombardements nantais et les réfugiés de guerre témoins ou victimes de bombardements dans leur pays, sont invités à une rencontre mercredi 16 septembre à partir de 14 h 30, espace Cosmopolis, rue Scribe à Nantes.
Quelques-uns des lycéens, avec leur professeur Luc Douillard, qui participent à la réalisation du documentaire de François Gauducheau sur les bombardements du 16 septembre 1943.

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