Les grenades interdites, pas les flashballs
Bernard
Cazeneuve a annoncé la suppression des grenades offensives dans
les opérations de maintien de l'ordre. Et le flashball ? À
Nantes, ses détracteurs en demandent le retrait.
Entre le 16 octobre 2012 et le 15 avril 2013, 104 grenades offensives ont été lancées contre les zadistes, lors de l'évacuation des squats et des premières opérations de maintien de l'ordre sur l'emprise du futur aéroport à Notre-Dame-des-Landes. C'est ce que révèle le rapport rendu public, hier, par Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur. Ce rapport, relatif à l'emploi des munitions en opérations de maintien de l'ordre, avait été commandé immédiatement après la mort de Rémi Fraisse, l'étudiant tué sur le site du barrage de Sivens, le 26 octobre dernier, par une grenade lancée par un gendarme. Seuls les militaires avaient le droit d'utiliser ces grenades offensives.
À l'époque, de violents affrontements avaient eu lieu sur la Zad (la Zone d'aménagement différé a été rebaptisée Zone à défendre par les opposants à la construction de l'aéroport), faisant suite à l'installation de militants, qui occupaient des fermes et avaient construit des cabanes dans les arbres.
Offensive stoppée depuis, en attendant que tous les recours juridiques soient épuisés. Ces violents affrontements n'ont pas conduit à la mort d'un homme, contrairement à ce qui s'est passé à Sivens, dans leTarn. Le rapport indique : « Dommages : Néant ».
Tir de flashball
Le rapport évoque les lanceurs de balles de défense, mais ne détaille pas quelle en a été l'utilisation à Nantes. Il n'est pas fait mention de manifestants blessés par lanceur de balles de défense (ou flashball). Le rapport fait état, en revanche, d'un manifestant blessé par une grenade à main de désencerclement lors de la manifestation du 22 février contre l'aéroport qui a gravement dégénéré dans le centre-ville. « Une énucléation dont la cause n'est cependant pas totalement établie à ce jour. ».
Quentin Torselli, Damien Tessier et Emmanuel Derrien ont, tous les trois, été blessés à l'oeil lors de cette manifestation. Ils ont déposé plainte et n'ont pas de nouvelles de l'enquête. Quentin Torselli, 29 ans, a perdu l'usage de son oeil gauche. Il vit avec une prothèse en verre. Lorsque Quentin a été blessé, une grenade assourdissante venait d'être lancée en même temps que le tir de flashball dont il a été victime. Pour sa mère, pas de doute : « C'est un tir de flashball. » Celle qui milite pour que cette arme soit retirée regrette que le ministre « n'ait pas évoqué le sujet ». « Quentin n'avait pas l'impression d'être en danger. C'est ce qui le sidère le plus. »
L'Observatoire laboratoire de la démocratie locale en pays nantais (Obslab) considère que laisser les flashballs en circulation est « une façon de laisser se développer un problème de société et de santé publique ». Pour Luc Douillard, un des fondateurs de l'observatoire, père d'un adolescent blessé par un tir de flashball, « c'est un problème criant dans la ville de Nantes, capitale européenne du LBD (lanceur de balle de défense) ». Cet observatoire militant a recensé cinq jeunes « rendus infirmes à vie depuis 2007 par un flashball » à Nantes. Pierre, Quentin, Damien, Emmanuel et Davy, ont, selon eux, été blessés par un tir de flashball. « Il faut interdire cette arme qui provoque plus de désordre qu'elle n'en résout », insiste Luc Douillard, de l'Obslab. « Ça va finir par tuer. »
Les lanceurs de 40 sont plus puissants et plus précis que les flashballs. Ce sont des armes qui tirent des balles en caoutchouc. « L'usage généralisé des lanceurs de balles de défense qui ont éborgné tant de personnes dans les manifestations et quartiers populaires est déjà un scandale visant à instaurer un climat de terreur », dénonce, de son côté, la Confédération nationale du travail, dans un communiqué adressé, hier, et rendant hommage à Rémi Fraisse.
L'autre combat de l'Observatoire de la démocratie locale est le problème de « l'éducation des forces de l'ordre ». Parmi les treize préconisations du rapport remis, jeudi, au ministre figure notamment « la volonté de soumettre la force publique à une formation spécifique comprenant une information et une sensibilisation sur les effets ».
Le rapport ne fait pas état de blessé par des lanceurs de balles de défense lors des violents affrontements dans le centre de Nantes, le 22 février dernier. En revanche, il évoque le cas d'un manifestant touché par une grenade à main de désencerclement.
Vanessa RIPOCHE.
Entre le 16 octobre 2012 et le 15 avril 2013, 104 grenades offensives ont été lancées contre les zadistes, lors de l'évacuation des squats et des premières opérations de maintien de l'ordre sur l'emprise du futur aéroport à Notre-Dame-des-Landes. C'est ce que révèle le rapport rendu public, hier, par Bernard Cazeneuve, ministre de l'Intérieur. Ce rapport, relatif à l'emploi des munitions en opérations de maintien de l'ordre, avait été commandé immédiatement après la mort de Rémi Fraisse, l'étudiant tué sur le site du barrage de Sivens, le 26 octobre dernier, par une grenade lancée par un gendarme. Seuls les militaires avaient le droit d'utiliser ces grenades offensives.
À l'époque, de violents affrontements avaient eu lieu sur la Zad (la Zone d'aménagement différé a été rebaptisée Zone à défendre par les opposants à la construction de l'aéroport), faisant suite à l'installation de militants, qui occupaient des fermes et avaient construit des cabanes dans les arbres.
Offensive stoppée depuis, en attendant que tous les recours juridiques soient épuisés. Ces violents affrontements n'ont pas conduit à la mort d'un homme, contrairement à ce qui s'est passé à Sivens, dans leTarn. Le rapport indique : « Dommages : Néant ».
Tir de flashball
Le rapport évoque les lanceurs de balles de défense, mais ne détaille pas quelle en a été l'utilisation à Nantes. Il n'est pas fait mention de manifestants blessés par lanceur de balles de défense (ou flashball). Le rapport fait état, en revanche, d'un manifestant blessé par une grenade à main de désencerclement lors de la manifestation du 22 février contre l'aéroport qui a gravement dégénéré dans le centre-ville. « Une énucléation dont la cause n'est cependant pas totalement établie à ce jour. ».
Quentin Torselli, Damien Tessier et Emmanuel Derrien ont, tous les trois, été blessés à l'oeil lors de cette manifestation. Ils ont déposé plainte et n'ont pas de nouvelles de l'enquête. Quentin Torselli, 29 ans, a perdu l'usage de son oeil gauche. Il vit avec une prothèse en verre. Lorsque Quentin a été blessé, une grenade assourdissante venait d'être lancée en même temps que le tir de flashball dont il a été victime. Pour sa mère, pas de doute : « C'est un tir de flashball. » Celle qui milite pour que cette arme soit retirée regrette que le ministre « n'ait pas évoqué le sujet ». « Quentin n'avait pas l'impression d'être en danger. C'est ce qui le sidère le plus. »
L'Observatoire laboratoire de la démocratie locale en pays nantais (Obslab) considère que laisser les flashballs en circulation est « une façon de laisser se développer un problème de société et de santé publique ». Pour Luc Douillard, un des fondateurs de l'observatoire, père d'un adolescent blessé par un tir de flashball, « c'est un problème criant dans la ville de Nantes, capitale européenne du LBD (lanceur de balle de défense) ». Cet observatoire militant a recensé cinq jeunes « rendus infirmes à vie depuis 2007 par un flashball » à Nantes. Pierre, Quentin, Damien, Emmanuel et Davy, ont, selon eux, été blessés par un tir de flashball. « Il faut interdire cette arme qui provoque plus de désordre qu'elle n'en résout », insiste Luc Douillard, de l'Obslab. « Ça va finir par tuer. »
Les lanceurs de 40 sont plus puissants et plus précis que les flashballs. Ce sont des armes qui tirent des balles en caoutchouc. « L'usage généralisé des lanceurs de balles de défense qui ont éborgné tant de personnes dans les manifestations et quartiers populaires est déjà un scandale visant à instaurer un climat de terreur », dénonce, de son côté, la Confédération nationale du travail, dans un communiqué adressé, hier, et rendant hommage à Rémi Fraisse.
L'autre combat de l'Observatoire de la démocratie locale est le problème de « l'éducation des forces de l'ordre ». Parmi les treize préconisations du rapport remis, jeudi, au ministre figure notamment « la volonté de soumettre la force publique à une formation spécifique comprenant une information et une sensibilisation sur les effets ».
Le rapport ne fait pas état de blessé par des lanceurs de balles de défense lors des violents affrontements dans le centre de Nantes, le 22 février dernier. En revanche, il évoque le cas d'un manifestant touché par une grenade à main de désencerclement.
Vanessa RIPOCHE.
=
= =