Fête des langues : elle est Babel la vie ?
Depuis
sept ans, en toutes les langues, la Fête des langues dit la
fraternité. Un riche et beau rassemblement au marché du Bouffay,
à Nantes.
Ça grouille de langues sous le petit marché couvert du Bouffay. Ça labialise, ça articule, ça gesticule, ça signe... Le marché n'a jamais été autant ouvert et aussi peu marchand avec pour monnaie d'échange, une trentaine de langues et la richesse d'autant de culture. J'écris ton prénom, tu me donnes un merci, je te donne mon bonjour, tu me donnes ton sourire, tu me racontes ton pays, je te donne mon respect... C'est une belle manifestation que cette fête de Babel. « La manifestation inverse le regard qu'on pose sur les immigrés. C'est eux qui nous apporte le bien le plus précieux : leur culture », fait remarquer Luc Douillard, de l'association « Nantes est une fête », à l'initiative de la rencontre.
L'alphabet arabe et le « aleph-beth » hébreu partagent le même pan d'affichage ; les Turcs et les Kurdes le même « étal ». À son stand joliment arrangé, pas en asso mais en famille, Aqeel présente sa langue, l'indien hindi et l'urdu, la langue pakistanaise de son épouse. Hors conflit. « On a presque la même culture et nos langues se disent pareil même si elles ne s'écrivent pas pareil », explique Maliha sa ravissante fille qui veut démarrer une formation en boulangerie. « Il est trop bon le pain français. »
Ce petit bout de Nantes est vraiment une fête. Sauf peut-être sous le drapeau blanc deuil et rouge sang du Japon où on lit la tristesse : sashibii. Le portrait de la jeune étudiante japonaise décédée des suites d'une hémorragie aux raisons encore indéterminées, à Nantes, y est posé, accompagné de ce petit mot « A la mémoire de Kayo Nomura enlevée trop tôt aux siens ». « Beaucoup la connaissaient ne serait-ce que de vue. La communauté japonaise est très liée », explique Esteban, étudiant ,qui s'est mis au japonais après la lecture du roman de Eiji Yoshikawa « La pierre et le sabre ».
Les polyglottes trotteurs
15 h 30, les polyglottes trotteurs, enfants volontaires des écoles de Nantes, prennent la parole dans la langue de leurs parents ou grands-parents sur une initiative de l'association de lecture à voix haute « Tourner la page » et l'office central de coopération à l'école. Adem Yasser et Mokhfi des Dervallières-Chézine font un sketch en arabe avec Samantha qui a voulu l'apprendre pour pouvoir « parler à sa grand-mère », la maman de son beau-père. Océane et Joseph chantent en breton ; en costume traditionnel, Znanc dit un poème turc ; Dorsaf reprend un chant où « les filles de Tunis et la terre sont belles » ; Cécile joue un morceau de flûte et glisse quelques mots en malgache ; la blondinette Maeva dit en douala un texte que son grand-père de Côte d'Ivoire lui a enseigné.
Pendant ce temps, sous le marché, sans micro et à ceux qui veulent, Mario Andrade Goçalves, 76 ans, poète, journaliste et « homme du monde » qui a dû quitter le Portugal salazariste en 68, lit son texte affiché « Pourquoi je suis parti » : « Si quelqu'un me demande pourquoi je suis parti, je réponds pour avoir la tendresse et les rages d'un fou... Pour me retrouver... Être moi-même, un rêve, « rien ».
Véronique ESCOLANO.
Au stand pakistanais, Tayyeb, 17 ans, partage sa langue et quelque gestes ancestraux : ici, avec des batons la danse traditionnelle du dandiya.
Ça grouille de langues sous le petit marché couvert du Bouffay. Ça labialise, ça articule, ça gesticule, ça signe... Le marché n'a jamais été autant ouvert et aussi peu marchand avec pour monnaie d'échange, une trentaine de langues et la richesse d'autant de culture. J'écris ton prénom, tu me donnes un merci, je te donne mon bonjour, tu me donnes ton sourire, tu me racontes ton pays, je te donne mon respect... C'est une belle manifestation que cette fête de Babel. « La manifestation inverse le regard qu'on pose sur les immigrés. C'est eux qui nous apporte le bien le plus précieux : leur culture », fait remarquer Luc Douillard, de l'association « Nantes est une fête », à l'initiative de la rencontre.
L'alphabet arabe et le « aleph-beth » hébreu partagent le même pan d'affichage ; les Turcs et les Kurdes le même « étal ». À son stand joliment arrangé, pas en asso mais en famille, Aqeel présente sa langue, l'indien hindi et l'urdu, la langue pakistanaise de son épouse. Hors conflit. « On a presque la même culture et nos langues se disent pareil même si elles ne s'écrivent pas pareil », explique Maliha sa ravissante fille qui veut démarrer une formation en boulangerie. « Il est trop bon le pain français. »
Ce petit bout de Nantes est vraiment une fête. Sauf peut-être sous le drapeau blanc deuil et rouge sang du Japon où on lit la tristesse : sashibii. Le portrait de la jeune étudiante japonaise décédée des suites d'une hémorragie aux raisons encore indéterminées, à Nantes, y est posé, accompagné de ce petit mot « A la mémoire de Kayo Nomura enlevée trop tôt aux siens ». « Beaucoup la connaissaient ne serait-ce que de vue. La communauté japonaise est très liée », explique Esteban, étudiant ,qui s'est mis au japonais après la lecture du roman de Eiji Yoshikawa « La pierre et le sabre ».
Les polyglottes trotteurs
15 h 30, les polyglottes trotteurs, enfants volontaires des écoles de Nantes, prennent la parole dans la langue de leurs parents ou grands-parents sur une initiative de l'association de lecture à voix haute « Tourner la page » et l'office central de coopération à l'école. Adem Yasser et Mokhfi des Dervallières-Chézine font un sketch en arabe avec Samantha qui a voulu l'apprendre pour pouvoir « parler à sa grand-mère », la maman de son beau-père. Océane et Joseph chantent en breton ; en costume traditionnel, Znanc dit un poème turc ; Dorsaf reprend un chant où « les filles de Tunis et la terre sont belles » ; Cécile joue un morceau de flûte et glisse quelques mots en malgache ; la blondinette Maeva dit en douala un texte que son grand-père de Côte d'Ivoire lui a enseigné.
Pendant ce temps, sous le marché, sans micro et à ceux qui veulent, Mario Andrade Goçalves, 76 ans, poète, journaliste et « homme du monde » qui a dû quitter le Portugal salazariste en 68, lit son texte affiché « Pourquoi je suis parti » : « Si quelqu'un me demande pourquoi je suis parti, je réponds pour avoir la tendresse et les rages d'un fou... Pour me retrouver... Être moi-même, un rêve, « rien ».
Véronique ESCOLANO.
Au stand pakistanais, Tayyeb, 17 ans, partage sa langue et quelque gestes ancestraux : ici, avec des batons la danse traditionnelle du dandiya.
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