Cette
semaine de la mi-janvier 2016, l'OBSLAB (Observatoire laboratoire de
la démocratie locale) s'est adressé symboliquement à Simone Veil
sous la forme d'une lettre-pétition proposée à tous et toutes,
afin d'interpeller personnellement l'ensemble des députés et
sénateurs français, au moment où repose sur eux la sauvegarde de
la démocratie face aux dangers de l'état d'urgence. Ils ont reçu
ce courrier dans leurs boites-mail à l'Assemblée nationale et au
Sénat.
Luc
Douillard, porte-parole de l'OBSLAB
Lettre-publique
à Madame Simone Veil, et aux parlementaires français, sur la
déchéance de nationalité, l'état d'urgence et le permis de tirer.
Le
15 janvier 2016,
Madame,
Monsieur le-la député-e, sénateur, sénatrice,
Nous
vous prions de bien vouloir prendre connaissance de la
lettre-publique que nous adressons à Madame Simone Veil, en vue des
débats parlementaires qui seront consacrés à la déchéance de la
nationalité, à la constitutionnalisation de l'état d'urgence et au
permis de tirer en dehors de la légitime défense.
Si
nous nous adressons symboliquement à Madame Veil alors qu'elle est
aujourd'hui retirée de la vie publique en raison de l'âge et de la
maladie, c'est parce que son parcours de vie et sa personnalité sont
toujours des références actuelles et agissantes, pour tous et
toutes.
Ainsi,
nous espérons que cet argumentaire pourra nourrir votre réflexion
de parlementaire.
Dans
cette attente, nous restons à votre disposition et vous prions de
recevoir nos salutations distinguées,
Pour
la pétition en ligne, Luc Douillard à Nantes
*
* *
À
Madame Simone Veil
Académie française et Fondation pour la Mémoire de la Shoah
Paris
Académie française et Fondation pour la Mémoire de la Shoah
Paris
Le
10 janvier 2016,
Chère
Madame Simone Veil,
Nous
nous adressons à vous aujourd'hui avec le plus grand respect comme
recours, à un moment de l'actualité marqué par les dramatiques
attentats terroristes de l'année 2015, et alors que les enjeux
politiques sont tellement complexes et brouillés par l'émotion.
Nous
vous sollicitons, Madame, en tant qu'interprète des valeurs et des
aspirations démocratiques du peuple français, pour deux motifs qui
sont également nos hommages personnels :
-
En raison de votre courage politique en 1974 et 1975 pour donner
enfin aux femmes françaises le droit au contrôle des naissances,
- Parce qu'auparavant vos yeux ont vu en face l'horreur du système concentrationnaire nazi et de la Shoah, tragédie incomparable que vous avez vécue dans votre chair, et face à laquelle l'humanité sait désormais qu'elle est capable du pire comme du meilleur, et qu'elle devra rester éternellement vigilante.
- Parce qu'auparavant vos yeux ont vu en face l'horreur du système concentrationnaire nazi et de la Shoah, tragédie incomparable que vous avez vécue dans votre chair, et face à laquelle l'humanité sait désormais qu'elle est capable du pire comme du meilleur, et qu'elle devra rester éternellement vigilante.
Nous
vous demandons d'appeler à ne pas approuver une modification de la
Constitution républicaine qui serait indigne du peuple français et
contraire aux principes des Droits de l'Homme, même sous prétexte
d'urgence terroriste.
Lorsque
le président précédent monsieur Sarkozy avait souhaité modifier
le préambule de la Constitution, qui résume le pacte républicain
de la vie commune en France, proclamé en 1789, enrichi et scellé
par le sacrifice des Résistants, nous savons que vous aviez alors
fait part de votre réserve ou de votre désapprobation.
Aujourd'hui
en cette période trouble, le président Hollande semble souhaiter
satisfaire certains voeux de l'extrême droite xénophobe et raciste,
pour des motifs qui lui appartiennent.
Nous
vous demandons, madame Simone Veil, de faire savoir par avance à
l'opinion publique et à tous les parlementaires, s'ils étaient
réunis en discussion de projet de loi ou en congrès
constitutionnel,
1
– Qu'il serait indigne de créer une contradiction insurmontable
dans la Loi fondamentale en réaffirmant l'Égalité devant la loi,
tout en créant deux catégories de Français selon leur origine
binationale ou mono-nationale, dont l'une pourrait être déchue plus
facilement de son droit de citoyenneté, comme les juifs naturalisés,
après 1940.
2
– Que le débat nécessaire sur la déchéance de nationalité ne
doit pas masquer d'autres enjeux tout aussi importants, à savoir
notamment qu'il serait inacceptable que la lutte nécessaire contre
le terrorisme soit instrumentalisée et déconsidérée, en assignant
à résidence avec privation de liberté, sans raison sécuritaire
efficiente, et sans l'avis préalable d'un magistrat indépendant
examinant au fond les motifs allégués, des personnes françaises,
suspectées parce que d'origine étrangère, ou bien parce que
militantes de causes écologiques, associatives, sociales ou
syndicales, n'ayant évidemment aucun rapport avec le terrorisme
idéologique homicide.
Ces
personnes doivent normalement être tenues responsables de tous leurs
actes devant la justice de droit commun qui dispose déjà de moyens
considérables, mais sans y ajouter des lois d'exceptions odieuses et
inefficaces, sinon contre-productives.
3
– Qu'il est urgent de s'opposer à la récente suggestion du
Premier ministre qui proposait de légaliser, au nom de
l'antiterrorisme, les tirs homicides policiers même en dehors d'un
contexte strict de légitime défense, ce qui revient à légitimer
le permis de tuer et les exécutions sommaires et assassinats ciblés,
occasions évidentes de graves dérives.
À
cet égard, nous comptons sur vous, madame Veil, pour rappeler
solennellement que les proches des enfants juifs tués par Mohamed
Merah à Toulouse, et ses autres victimes, que les proches des tués
de Charlie-Hebdo et du magasin Hyper Cacher, que ceux des tués du
Bataclan et du 13 novembre dernier, ont tous un besoin vital de
justice et de vérité, mais non de vengeance mimétique.
La
police française ne doit pas venir au secours des tueurs terroristes
en leur épargnant le pire des châtiments, celui qu'ils redoutent le
plus : être arrêtés vivants, pour répondre de leurs actes devant
la justice.
De
ce point de vue, l'armement de la police française est actuellement
clairement inadapté : dans le domaine du maintien de l'ordre
ordinaire, il faut bannir l'emploi des fusils lanceurs de balles en
caoutchouc à longue portée avec visée laser, inauguré depuis une
dizaine d'années, car il est un facteur de graves cruautés inutiles
et d'infirmités corporelles permanentes perpétrées sur des
personnes innocentes, alors qu'au contraire cette arme serait d'un
emploi judicieux pour neutraliser les forcenés et pour arrêter
vivants les tueurs terroristes, afin qu'ils soient un contre-exemple
devant leurs admirateurs potentiels et qu'ils soient obligés de
révéler à leurs victimes et à la société quels sont exactement
leurs motivations, leurs entraînements psycho-sociaux, leurs
complices, leurs filières, leurs chefs commanditaires et leurs
donneurs d'ordre financiers. Car on ne peut sous-estimer l'enjeu
d'arrêter vivants les terroristes pour les juger, sans leur faire le
cadeau du « martyre » qu'ils réclament.
Confiant
et attentif dans votre sagesse, tous très divers dans nos opinions
politiques, nous nous réunissons tous ensemble devant vous, Madame
Veil,
pour vous demander de prendre position fermement face à ces trois questions urgentes, avec les formes qui vous conviendront, et nous vous assurons par avance de notre respect et de notre haute considération.
pour vous demander de prendre position fermement face à ces trois questions urgentes, avec les formes qui vous conviendront, et nous vous assurons par avance de notre respect et de notre haute considération.
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Pétition
en ligne consultable ici :
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