Lorsque
le premier jugement est enfin annulé, Dreyfus est à nouveau jugé,
à Rennes en 1899, où contre toute attente, il est à nouveau
condamné. Il devra encore attendre pendant des années sa
réhabilitation. Mais dix jours après le jugement de Rennes, le
président de la République préfère le gracier. Il est enfin
libre.
Ses
premiers pas en liberté ont-ils eu lieu à Nantes ? Je m'étais
posé la question en lisant, dans une compilation d'articles
d'époque, qu'il avait peut-être quitté Rennes pour un train à
destination du sud, donc vers Nantes.
Je
pense que c'était vers le centenaire du procès de Rennes en 1899,
donc en 1999.
Pour en
savoir plus, j'ai consulté alors une ou deux collections d'archives
de journaux nantais. C'est une activité d'historien. Effectivement,
on y découvre qu'un reporter nantais de l'an 1899 atteste qu'Alfred
Dreyfus, désormais connu mondialement, a été aperçu dans la salle
d'attente de la gare de Nantes au lendemain de sa grâce
présidentielle. Pour lui Nantes n'est qu'une étape pour rejoindre
sa famille dans le sud de la France.
C'est à
Nantes que l'officier de police chargé de l'escorter au sortir de la
prison de Rennes l'abandonne enfin, et prend, lui, son train pour
Paris.
Il n
'est pas donc pas exagéré de conclure que c'est à Nantes que
Dreyfus a enfin respiré la liberté effective.
Et j'ai
retrouvé également un intervieweur du Figaro qui se glisse à
Nantes dans le train d'Alfred Dreyfus, pour lui arracher un premier
interview exclusif en liberté, etc.
À
la suite de cette petite découverte qui rajoute à la légende dorée
de Nantes telle qu'on l'aime, j'ai écrit un article qui a été
publié dans le courrier des lecteurs de Ouest-France, sans doute en
1999.
Or
bientôt près de vingt ans plus tard, je ne retrouve pas trace d'une
coupure de presse. J'avais ce texte dans mes disques durs où ils ont
disparu dans les sinistres informatiques divers et variés et
l'obsolescence programmée des systèmes.
Et nous
manquons de chance, car si ce texte est paru dans Ouest-France, il
n'a pas été correctement archivé dans sa base numérique où il
reste introuvable, alors que j'y ai retrouvé plusieurs de mes
courriers de cette époque.
Dernier
manque de chance : cet article ainsi qu'une série de chroniques
que j'avais consacrées à l'histoire de Nantes, et parus dans
Ouest-France, avait été mis en ligne sur le site de l'association
Nantes Est Une Fête, hébergé sur le site associatif Mygale, créé
en 1996, fusionné ensuite dans Multimania, avant d'être racheté
par Lycos qui supprimera sans prévenir les pages « perso »
en 2009.
Mais je
ne désespère pas de retrouver la fameuse coupure de presse !
Merci d'avance à ceux ou celles qui l'auraient conservée !
Luc
Douillard (21 novembre 2016).
Nos
deux illustrations :
La fameuse "Une" de l'Aurore.
Une
médaille antisémite célébrant l'ancien ministre de la Guerre
Auguste Mercier, ennemi implacable et pervers de Dreyfus, qui ensuite
sera élu sénateur pépère de Loire-Inférieure (actuelle Loire-Atlantique)
jusqu'en 1920... Bravo l'aveuglement de la droite nantaise !
Cette médaille odieuse date de 1906 à une époque où plus personne de
sérieux n'osait contester la réhabilitation de Dreyfus. Ces fous prendront leur revanche en 1940.
Mais n'oublions
pas non plus que la mairie de gauche de Chantenay, à l'époque une
commune ouvrière indépendante de Nantes, fut la première ville de
France à donner le nom de Zola, un nom détesté par les
anti-dreyfusards, à une grande place urbaine, terminus des tramways
de Nantes, quelques jours seulement après la mort suspecte du grand
écrivain défenseur de Dreyfus.