lundi 21 novembre 2016

Guy Môquet récupéré par des néo-nazis ?




Quotidien Ouest-France du 14/09/2007

La présence d'un membre d'un groupuscule néonazi sur le tournage parasite la sortie du court-métrage consacré au jeune résistant Guy Môquet.
Les félicitations ont disparu du site internet de l'association Vent d'Europe. Le ménage a été fait. Mais, en début de semaine, l'association se vantait encore de la participation de l'un de ses membres au tournage d'un film sur Guy Môquet, le jeune militant communiste fusillé par les nazis à l'âge de 17 ans, à Châteaubriant, au nord de Nantes.
Malaise. Car le site, même dans sa version expurgée, abonde de photos de reconstitutions militaires sous l'uniforme allemand de la Seconde Guerre mondiale, officiellement pour les besoins d'animations, tournages de films, spectacles. Il renvoie aussi à d'autres sites douteux. C'est un professeur nantais qui a levé le lièvre, alerté par un article d'Ouest-France qui dénonçait déjà l'action de Vent d'Europe en Normandie (Ouest-France de mardi). « A-t-on fait appel à des militants néonazis pour tourner le film officiel sur Guy Môquet ? », interroge Luc Douillard.
« L'équipe révoltée »
Le court-métrage de deux minutes raconte la fin du jeune communiste, incarné par Jean-Baptiste Maunier. Initié par la chaîne parlementaire (LCP), le film sera diffusé le mois prochain sur les chaînes publiques. Que s'est-il passé ? « Nous souhaitions une reconstitution précise de la scène de fusillade. Nous nous sommes tournés vers le plus gros loueur parisien de costumes et d'armes de guerre. Nous lui avons demandé s'il connaissait quelqu'un pouvant témoigner de la mise en place d'un peloton d'exécution », explique Thibault Gast, de la société de production parisienne 24/25 Production.
De ses cartons, le loueur sort la carte d'un homme, présenté comme fournisseur de matériel militaire et passionné de reconstitution historique. « Il est venu trois heures, bénévolement, sur le tournage, dans une carrière près de Senlis. C'est tout. » Ce que la production ne pouvait deviner, c'est que le conseiller est le trésorier d'une association faisant preuve d'une passion ambiguë pour les uniformes et armes allemandes.
« Nous sommes pris de court par cette histoire invraisemblable, soupire Thibault Gast. L'équipe et les partenaires sont attristés et révoltés par cette manipulation détestable. » Reste le fond, l'essentiel, qu'il ne faudrait pas oublier. « Nous avons réalisé un film hommage à Guy Môquet et à la Résistance, avec pour conseillers historiques le conservateur du musée national de la Résistance, et Odette Nilès qui a connu Guy Môquet et fut internée à Châteaubriant. »
Début septembre, lors du tournage d'une scène à Châteaubriant, en Loire-Atlantique, où les otages communistes furent fusillés. Mais la scène de l'exécution a été tournée à Senlis.
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